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@Mokeko village
@Mokeko village

La société Eco-Oil Energie qui a hérité des palmeraies de Sanghapalm, va déloger tous les villageois qui occupent ce camp, depuis des décennies pour certains. Mais pour tempérer la protestation des infortunés, l’industriel a retardé l’échéance, annonçant même qu’il n’expulsera plus les populations. Mais les gars savent que leur déguerpissement est proche!

« Ces derniers temps nous avons vécu une vraie psychose ici. Aujourd’hui, tout le monde sait qu’on ne partira plus d'ici. La société ne va plus nous déguerpir. Nous sommes sereins et soulagés», nous indique une institutrice, sourire jusqu’aux oreilles.

Ici, le camp est une construction des maisons en petites briques cuites. Plus d’une centaine de maisons bâties pendant la période coloniale, vers 1958. Désormais à la lisière de la forêt et hébergeant la précarité, ces maisons ne reflètent plus celles qui ont procuré le bonheur aux travailleurs agricoles des années post indépendance avec la Régie nationale des palmeraies du Congo (RNPC), basée à Mokeko.

D’anciens travailleurs dont des dizaines des mois de travail impayés pesaient sur un chômage précoce ou un licenciement abusif, occupent ces maisons, en guise de compensation, certainement. Une occupation gratuite depuis des années.

Le rachat des actifs et passifs de SanghaPalm par cette espèce de consortium congolo-malaysien, Eco-Oil Energie, a permis aux travailleurs oubliés de toucher leurs droits de cessation d’activités. 15 à 20 millions de francs CFA parfois par travailleur dû et ayant eu la chance de survivre jusque-là, selon certains témoignages recueillis à Mokeko village, réputé à l’époque le camp le plus populaire de la société. La réalité c’est qu’après, il faut déguerpir. Il faut quitter, aller se taper une cabane ailleurs, même en pleine forêt, et tenir compagnie aux signes, s’il le faut.

Les occupants ne voulaient pas partir. Le chef de village lui-même qui est arrivé au camp très jeune et y a fait tous ses enfants ne trouve d’endroit où s’installer sinon être un SDF (Sans domicile fixe) en pleine forêt équatoriale. Finalement pour permettre aux indésirables de quitter tranquillement les lieux, Eco-Oil avait proposé une indemnité de 150.000 francs CFA au camp « Nouveau village » pour un relogement rapide et adéquat. « Nous étions nombreux à avoir fait nos bagages pour partir », affirme notre institutrice, avant d’ajouter : « Nombreux aussi ont quitté et rejoint Ouesso », la capitale départementale située à 15 Km de là, à partir d’une voie entièrement bitumée.

Au ‘Camp Commis’, en majorité habité par d’anciens cadres de SanghaPalm, aujourd’hui sans repère, la société a proposé 500.000 francs CFA. Il y a aussi dans le camp une importante présence des fonctionnaires de l’Etat venus travailler dans la ville de Mokeko. Ils ont eux aussi occupé gratuitement ces maisons, les meilleures de Mokeko. Les non-fonctionnaires devraient recevoir une indemnité de déguerpissement de 250.000 francs CFA.

Aujourdhui, Eco-oil, à cause de ses activités d’exploitation de palmeraies, ne vuet autant de monde, surtout les indésirables, les inactifs, dans les parages. De nouveaux travailleurs recrutés à Brazzaville et dans certaines villes lointaines de Ouesso viendront occuper les maisons qui seront bientôt réhabilitées. D'ailleurs, le ‘Camp Commis’ a déjà perdu ses plumes, la beauté laissée par le colon a disparu. La fumée sur les murs a largement remplacé la belle couleur des briques rouges. Au ‘Camp Pawa’, le spectacle est le même, un peu de pauvreté et d’insalubreté. Ils tous bien que la fin du règne gratuit est proche. Mokeko village dans sa formule actuellement fermera un jour.

Plus étonnant, le sous-préfet, le représentant de l' Etat dans cette communauté urbaine, a désormais ses bureaux dans l'enceinte même de l'usine. Ainsi, tel un prisonnier, il passe par la guérite de l’usine pour accéder à ses bureaux, l’un des vieilles bâtisses de la zone qui côtoient la jolie construction de Eco-Oil implantée à quelques encablures de là. Et comme on peut l’imaginer, avant de signer un document administratif, notre sous-préfet hume les odeurs de la margarine et des huiles comestibles diverses que fabrique l'usine. De quoi se donner de l’énergie, quoi !

Le site en question comprend aussi les écoles, primaire et collègue. Ce dernier établissement placé dans une zone d'aménagement, peut être fermé. Et tant pis pour les élèves qui pourront se retourner vers Ouesso, a une quinzaine de kilomètres. Entretemps, un lycée technique a été construit dans la communauté urbaine.

@Camp village Mokeko

@Camp village Mokeko

Tag(s) : #Eco-Oil Energie, #Mokeko village, #Sanghapalm, #Ouesso, #Economie, #Congo-Brazzaville, #BrazzaPLUS
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