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Les dépêches de presse annonçant les résultats du baccalauréat général ont toutes eu à se focaliser sur le taux d’admission qui est en hausse comparativement à ceux de l’année écoulée. De 34,76% l’année dernière, il est passé à 35.74%. Il s’agit là d’une bien fausse consolation qui nous empêche, depuis des lustres, de voir la longueur, la largeur et la profondeur de la plaie qui gangrène notre système éducatif.

Un journaliste a cru même trouver un mérite à attribuer au tout nouveau ministre de l’enseignement préscolaire, primaire, secondaire et de l’alphabétisation et lui a posé la question de savoir « Quel est son secret ?».  Il faut noter que la hausse du taux d’admission en question que l’on claironne sur tous les toits est de  0.98%. Au total, sur les 91 668 challengers, 32 762 ont été déclarés admis.

Tout compte fait, 58 906 élèves vont, l’année scolaire prochaine, dans quelques semaines donc, solliciter leur réinscription en classe Terminale. Et combien viendront-ils des classes de Première ? Le spectre de la pléthore des salles de classe pour les candidats au bac la session prochaine est déjà visible à l’œil nu et en conséquence, une catastrophe dans les prochains résultats inévitable. Pas besoin d’être un prophète de Dieu pour le dire. Prenons date !

Avouons avec Aimé Césaire que l’on montre de bonnes à qui a de bons yeux, le reste, il le voit lui-même. En un mot ou en mille, les chiffres qui nous sont servi sont une image par laquelle nous est donné de voir combien notre système éducatif est en proie à une gangrène. La chose est connue aussi de tous, même si nous nous efforçons de fermer les yeux pour ne pas voir. ‘’Fermer les yeux pour ne pas voir’’ ? Oui, c’est ce que nous faisons en nous attardant sur ce genre de détail comme ce taux d’admission de misère, même s’il est en hausse. C’est une fausse consolation qui a pour fondement l’irresponsabilité.

Ne perdons pas de vue que nous sommes ici de plain-pied dans le domaine socio-éducatif. Un domaine qui, à si bien s’y prendre, est la colonne vertébrale de toute une nation. Georges Jacques Dantan déclarait : « Après le pain, l’éducation est le premier besoin d’un peuple ». Nous mettons donc en selle ici, la vie ou le péril de notre pays. Parlons donc sous le sceau de la responsabilité partagée et du refus de la résignation.

Notre système éducatif est malade, nous l’avions dit et tout le monde le sait. Il nous faut, en toute responsabilité faire des investigations pour déceler, avec une précision chirurgicale, les pathologies qui l’affectent et décider d’un protocole thérapeutique conséquent pour son rétablissement. Il nous faut le faire, c’est une urgence nationale. Il nous faut craindre de voir – nous sommes à un mois et quelques jours de la rentrée des classes – les enfants repartir en classe sans que la communauté éducative ait eu à se pencher sur les voies et moyens d’une éducation de qualité dans nos écoles.

Education de qualité ! Le mot est lâché. C’est bien d’une éducation de qualité qu’il faut à tous nos enfants, et il faut l’avouer, elle fait défaut. Cruellement ! Voici ci-après, les éléments d’une enquête réalisée en 2017, dans les districts de Mbon et de Ngo au sujet des besoins en personnel enseignant et vous conviendrez avec moi que le ver est dans le fruit de notre système éducatif.

Tableau exprimant les besoins en personnel enseignant

MBON

 

Primaire

CEG

Besoin

42

15

Existant

16 (38,09 %)

03 (20 %)

Déficit

24(57,14 %)

12 (80 %)

 

NGO

 

Primaire

CEG

Besoin

137

16

Existant

17 (12,41 %)

5 (31,25 %)

Déficit

120 (87,59 %)

11 (68,75 %)

 

Ce spectacle est bien visible sur toute l’étendue du territoire national. Au déficit en personnel enseignant – plus de 25 000 –  s’ajoutent : le déficit criard de titulaires, les effectifs pléthoriques d’élèves dans les salles de classe, la prédominance scandaleuse de prestataires sans formation ni encadrement pédagogique, la pluralité de classes multigrades… et dans des conditions exécrables, le défaut de tables-bancs, de laboratoires et de bibliothèques...

Tels sont les tenants et les aboutissants qui expliquent ces résultats de nos enfants aux différents examens. A bien voir, il se pose une question, celle de l’insuffisance des moyens pour l’exécution d’une politique éducative efficace. Et le financement de l’éducation est aujourd’hui une réelle préoccupation pour les gouvernants du monde en général. C’est le sens à donner aux nombreuses rencontres qui se tiennent à travers le monde pour susciter l’adhésion massive de tous à financer dans l’éducation. Nous citerons entre autres, le Séminaire international sur le financement de l’éducation organisé à Rabat au Maroc par la Conférence des ministres de l’Education des Etats de la francophonie (CONFEMEN) en décembre 2017 et la Troisième conférence internationale du Partenariat mondial pour l’Education (PME) tenue à Dakar, au Sénégal en février 2018. Les participants à ces grandes messes qui s’inscrivent dans l’atteinte de l’Objectif de développement durable n° 4 avaient tous à l’occasion reconnu que les ressources mobilisées jusque-là dans le développement de l’éducation dans les Etats étaient insuffisants car de nombreux défis restaient à relever. Par conséquent, ils préconisèrent une quête de financements novateurs plus importants.

S’asseoir afin de trouver les voies et moyens pour des financements novateurs et parvenir à dispenser une éducation de qualité pour tous dans nos écoles, le jeu en vaut la chandelle. C’est le prix à payer pour sortir des mailles du filet d’une éducation de bas étage qui est à l’origine des comportements déviants du plus grand nombre de nos enfants tel que nous le voyons avec les phénomènes comme les Bébés noirs, les Kulunas, les Arabes, les Américains et que sais-je ! Que vivent les états généraux de l’éducation ! Que Hellot Mampouya nommé haut commissaire à l’organisation des états généraux de l’éducation nationale prenne la pleine mesure  de sa responsabilité et qu’il soit le bienvenu !

La maison Congo est en feu. Que personne ne se verse dans la stupidité en se consolant parce que le feu n’a pas encore atteint sa chambre. Que nul ne se permette le droit à la démission sous prétexte qu’il n’est pas sapeur-pompier professionnel ! Il faut que chacun se lève et apporte son seau d’eau pour venir à bout de cet incendie. Pour le salut de nos enfants et de notre pays !

Patrice TSOUMOU

Président de la Dynamique pour la Promotion de

l’Education de Qualité Pour Tous & Développement

 

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