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 Des Organisations non gouvernementales émettent de doutes sur l'accession du Congo , le 27 janvier dernier, à l'initiative des Pays pauvre très endetté (PPTE), suite à l'approbation, par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), des efforts "de bonne gouvernance  et de transparence " fournis par ce pays.


D'après les autorités, le Congo devrait bénéficier d'une importante remise de sa  lourde dette extérieure. « En 2004, lorsque nous commencions avec l’initiative PPTE, le Congo avait 9,2 milliards de dollars de dette. Avec l’accession au PPTE, nous n’aurons plus que moins de 1,938 milliard de dollars de cette dette », a déclaré le ministre des Finances, du Budget et du Portefeuille public, Gilbert Ondongo.  


 « Ce n’est pas un cadeau, mais le fruit des efforts fournis par le gouvernement et le peuple congolais », a déclaré Midou Ibrahima, représentant de la Banque mondiale à Brazzaville.

 

  « C’est grâce aux réformes entreprises par les autorités dans le domaine d’investissement, de marchés publics, de transparence et de lutte contre la corruption que le Congo a atteint ce point d’achèvement », a-t-il poursuivi.

 

 Le représentant de la Banque mondiale à Brazzaville a  également affirmé que certaines mauvaises pratiques ont disparu dans le pays. « Au Congo, par exemple, les marchés de gré à gré n’existent plus, mais c’est la transparence qui est de rigueur. Par rapport aux audits de la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC), le plan d’action qui avait été élaboré a mis en place un système de comptabilité adaptée », a-t-il dit, sans d’autres précisions.

 

 « Sur la gouvernance, un certain nombre de textes ont été adoptés au parlement. C’est ce que nous visions à travers le point d’achèvement du PPTE, et nous pouvons dire que le Congo a fait des efforts », a martelé Marie Françoise Marie Nelly, coordonnatrice des programmes FMI/Banque mondiale pour les deux Congo.

 

Mais, certaines ONG locales voient différemment les choses. « L'accession au PPTE n’est pas une panacée, car si ces ressources additionnelles sont mal gérées, nous allons tous déchanter. Et puis, il faut faire la différence entre les lois qui sont prises pour les réformes et leur application. Le FMI et la Banque mondiale ont simplement jugé sur la base de ces textes », a souligné, Maixent Fortunin Hanimbat, président du Forum pour la gouvernance et les droits de l’Homme, une ONG basée à Brazzaville.

 

Il a ajouté : « Par exemple, la loi sur la passation des marchés ne va être effective que cette année, mais dans la pratique, la réforme est faite, et la Banque mondiale prend ça en compte et met ça au crédit du Congo ».


Pour l'antenne congolaise de la coalition "Publiez ce que vous payez",  il y a encore une mauvaise gestion des recettes pétrolières. "Les derniers audits (2006-2007) des comptes de la SNPC montrent que des problèmes subsistent au niveau des contrôles internes et de la comptabilité. Malgré les avancées en matière de gestion des comptes, il y a la non certification des comptes, l'absence de conformité dans la présentation des états financiers et on ne dit rien sur la passation des marchés", peut-on lire dans la Note de position de cette coalition, publiée  le 3 février à Pointe-Noire, la ville pétrolière, dont copie est parvenue à SEVERIN NEWS.


D'après Brice Mackosso, secrétaire exécutif de cette antenne, une cargaison de pétrole d'une valeur de 22 milliards de F CFA  a échappé en février 2009 au contrôle de l'Etat. Et ces faits sont quotidiens. "Dans son premier rapport, le conciliateur de l'ITIE (Initiative pour la transparence des industries extractives) a relevé des écarts de 133 milliards de F CFA, amputés sur le compte du Congo", a-t-il déclaré.


« S’il y a véritablement transparence, pourquoi, par exemple, le gouvernement cache le montant des excédents budgétaires que le pays réalise depuis 2003. Pourquoi on en fait un secret d’Etat alors que c’est l’argent public ? », s’interroge Hanimbat.


Ces ONG qui émettent des doutes sur "les efforts" fournis par le Congo, se félicitent  néanmoins de la mise en place du cadre réglementaire devant obliger le pays à faire mieux. « Le gouvernement a intérêt à faire preuve d’une grande rigueur dans la gestion des finances publiques. Mais si on joue avec cette remise de dette on sait le faire dans ce pays, ce serait un retour en arrière », a prévenu Roger Bouka Owoko, directeur exécutive de l’Observatoire congolais des droits de l’Homme, basé à Brazzaville.


"Les réformes entreprises n’ont pas encore prise avec la réalité. Pour nous convaincre de la portée positive de cette étape que le Congo vient d’atteindre, il nous  faut témoigner de la mise en œuvre effective des réformes ; c’est-à-dire, le code des marchés publics doit être exécutoire, la loi anti-corruption doit être mise en œuvre ainsi que doit se dérouler le plan national de lutte contre la corruption" a recommandé,  Christian Mounzéo, secrétaire général de la Rencontre pour la paix et les droits de l'Homme, basée à Pointe-Noire.

 

 Par ailleurs, les travailleurs réclament déjà l'amélioration de leurs conditions sociales, suite aux économies que le pays va réaliser. " Le gouvernement n’a plus d’excuses ! Il devrait ipso facto prendre les mesures pour améliorer la situation sociale des travailleurs. Si ce n’est pas fait d’ici mars, qui peut encore croire à ce gouvernement », a indiqué, Joseph Hubert Kokolo, président du Syndicat des professionnels de l’enseignement du Congo.

 

 « Depuis près 15 ans, le gouvernement a fait croire aux travailleurs que si le niveau de pauvreté au Congo est de 70 pour cent, c’est parce qu’on avait une dette colossale qui pesait sur ce petit pays riche. Maintenant que ce verrou a sauté, il faut résoudre la situation des travailleurs à qui on a fait miroiter le bonheur et promis le ciel », a réagi Edouard Adzotsa, secrétaire général de la Fédération syndicale des travailleurs de la communication.


"Comment les gens peuvent danser comme ça, parce que la dette a été annulée ? C'est comme si c'était une dette floue, et qu'on ne savait plus comment l'expliquer. La plupart de projets réalisés qu'on nous présente sont réalisés avec les fonds propres du pays, mais d'où vient cette lourde dette?", s'interroge éperdument Edouard Adzotsa.

 

Des économistes estiment que le gouvernement peut soulager les souffrances des travailleurs dont le salaire moyen est de 100 dollars. « Le fait que l’Etat dispose maintenant des moyens, il est possible qu’il augmente les salaires et paye d’autres avantages financiers dus aux travailleurs. Il est libre de prendre dans ses propres ressources », a dit professeur Hervé Diata, doyen de la Faculté des sciences économiques de l’université de Brazzaville.

 

« Forcement, il faut que les populations voient quelque chose, tel que l’amélioration du panier de la ménagère. Car, avec les ressources obtenues à partir du PPTE, le gouvernement va investir dans des programmes précis comme le Document stratégique de réduction de la pauvreté », a analysé le professeur Diata.

 

Mais, le gouvernement a un autre regard. « Une économie forte, c’est un social assuré, mais faire du social sans se soucier de l’économie, c’est un social éphémère », a répondu le ministre Ondongo.

 

Le Congo est le 28e pays au monde à être déclaré PPTE, et d’après la Banque africaine de développement, 40 pays bénéficieront de ce programme.

Tag(s) : #Economie
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