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L'OCDH a offert deux jours de formation intense aux policiers et gendarmes

Une trentaine d'agents de la force publique, notamment les policiers et les gendarmes ont suivi du 20 au 21 février 2015 à Brazzaville une intense formation sur les droits de l'Homme et les libertés fondamentales des citoyens. Organisée par l'Observatoire congolais des droits de l'Homme (OCDH), cette formation a eu le mérite de voir certaines langues policières et gendarmettes se délier, par exemple les pratiques de torture dans les lieux de détention!

Clôturant la session de formation organisée avec l'appui financier de l'Union européenne, le directeur exécutif de l'OCDH, Trésor Nzila Kendet a exhorté les policiers et gendarmes à se professionnaliser davantage en donnant le meilleur d'eux-mêmes dans l'exercice de leur profession. "L'objectif c'est de voir une force publique plus respectueuse des droits de l'homme. Nous encouragerons notre partenaire l'Union européenne à mettre prochainement plus de moyens pour intéresser le plus de monde, notamment vos supérieurs hiérarchiques", a indiqué le directeur exécutif de l'OCDH.

L'ambiance était bon enfant pendant la formation. Les cours sur les droits de l'Homme ont renforcé les capacité des uns et des autres. "C'est une bonne initiative. Ces échanges nous permettent de comprendre notre mission, mais surtout comment l'exercer dans le respect strict des droits des citoyens", a témoigné un commandant de police en poste à Makélékélé.

"Nous croyons que la police nous donnait tous les droits. Taper injurier et donc torturer des auteurs des crimes et délits. Mais là j'ai appris que même les assassins ont des droits, il faut les traiter dignement. J'ai honte de moi, j'ai honte de mon commissariat, et surtout de la tenue que je porte. On ne respecte rien comme droits humains", a déclaré dans un lyrisme étonnant un sergent de police en poste à Ouenzé, appelant dans la foulée sa "hiérarchie à suivre ces enseignements aussi".

Les gendarmes eux croyaient avoir de l'avance sur les policiers en matière de droits de l'Homme. Ils en sont presque sortis en pantalonnade quand ils ont réalisé combien la torture était leur outil de travail. "Mais si on ne fait ça le gars ne parlera pas, il va même vous narguer", a avoué un lieutenant de la gendarmerie. "Avec ces bandits si vous ne les grimacer pas, il ne suivront pas l'instruction. En plus, je crois que la torture ça corrige un peu", a largué un maréchal de logis en chef.

Les enseignements de l'OCDH ont effectivement porté sur les cas de torture et d'arrestation et de détention arbitraires et illégales. Les formateurs ont mis sur la table les pratiques de passage à tabac pendant une arrestation, les menottes systématiques à l'interpellation et…et… le fourrage dans le coffre du véhicule pour embarquer le suspect. "C'est une façon juste d'intimider le délinquant", a tenté de justifier un lieutenant de police, mais un peu gêné.

Les choses sont devenues quasiment indigestes lorsqu'un ancien agent homme de terrain, le colonel-magistrat Serge Armel Nzoulani, aujourd'hui président de la troisième chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Brazzaville a partagé son expérience aux "étudiants". Il a été formel, "Si nous respectons seulement la loi, nous serons des agents de l'ordre modèle. Toutes les pratiques que la population reproche à la police ternissent notre image et nous en sommes nous-mêmes responsables", a-t-il dit devant une assistance complètement ébahie et muette.

"Nous devrons faire notre travail de façon froide, ne pas exprimer notre état d'âme ou nos émotions, cela ne sert à rien. Pour être professionnel, le policier doit garder son côté humanitaire, rendre visite même à un délinquant qu'il aurait déféré à la maison d'arrêt. On ne perd rien de notre métier, au contraire on s'assure que le travail est bien fait", a poursuivi le colonel Nzoulani, imperturbable.

Le temps imparti au cours ayant pris fin, les policiers et les gendarmes multiplièrent des questions au point d'oublier l'heure de la pause-déjeuner. "Et si le gars était récalcitrant", et "mais si le voyou vous attaque, vous ne faites rien?", "Donc les victimes n'ont pas de droits que le coupable qui doit être protégé"? Qu'est-ce qu'on pas entendu comme questions, parfois avec insistance et véhémence. Juste pour dire que être policier ou gendarme c'est la brutalité et la violence. Mais le colonel Nzoulani est resté dans son rôle, celui de l'ancien et du connaisseur, ne justifiant pas telle bavure pour telle question. NON c'est NON et c'est NON, la torture ne devrait pas exister dans les lieux de détention au Congo!

Soulagés ou déprimés, les policiers et les gendarmes sont sortis de là un peu dégonflés, certainement regardant désormais la torture derrière eux. "Mais il faut que nos chefs aussi suivent ce genre de formation. S'ils ne sont pas complices de tout cela, ils sont parfois instigateurs. Franchement, nous devons tous apprendre, c'est très important", a confié à coeur ouvert un jeune officier de police.

Après Ouesso dans la Sangha et Kinkala dans le Pool, l'OCDH vient de servir aux policiers et gendarmes de Brazzaville de quoi revoir leurs pratiques pour une force publique de plus en plus respectueuse des droits de l'Homme.

Le colonel Nzoulani délivrant ses croustillants enseignements

Le colonel Nzoulani délivrant ses croustillants enseignements

Là les cours chauffent!

Là les cours chauffent!

Le DE de l'OCDH Trésor Nzila à l'abordage de la formation

Le DE de l'OCDH Trésor Nzila à l'abordage de la formation

Tag(s) : #Droits Humains
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