Veillée d'arme à la gendarmerie de Brazzaville pour un recrutement!

Qui sera recruté, et qui ne le sera pas? Les jeunes se battent depuis lundi à Brazzaville pour faire passer leur dossier de recrutement à la gendarmerie. Les jeunes de 18 à 27 ans, détenteurs du BAC,feront partie des 2 800 gendarmes qui seront retenus.

La crise de l'emploi fait courir depuis le 8 décembre les jeunes congolais devant les postes de Gendarmerie nationale pour se taper un sacré boulot. A Brazzaville, devant le Commandement de la gendarmerie nationale en face du lycée Pierre Savorgnan De Brazza et non loin de la station de bus "La Milice", des foules énormes de jeunes envahissent même la voix publique pour se faire recruter. Le gouvernement a annoncé le recrutement de 2 800 nouveaux gendarmes. Et les jeunes tiennent à y mettre la tête. L'opération va durer jusqu'au 18 décembre, et atteindra les jeunes des départements, eux aussi fouettés par le chômage et le desoeuvrement. L'armée, la police et la gendarmerie sont devenues ces dernières années les principales pourvoyeuses d'emplois dans le pays.

C'est sous un chaud soleil que les jeunes tentent de faire passer leurs dossiers aux agents de la gendarmerie qui se sont barricadés par des entraves anti-émeuttes. On se bouscule, on crie, on se passe les dossiers d'une main à l'autre. Tout près, des jeunes, curieux, écrivent sur place, dans les dos des autres ou sur les capots des voitures garées pèle-mêle par là, leur demande manuscrite, complètent une pièce dans le dossier ou se renseignent sur l'ensemble du dossier. Le temps joue contre eux. Ils le savent, puisqu'il n'y a que dix jours. Le nombre de demandeurs augmente au rythme du soleil qui monte au zénith. Heureusement que jusque-là, rien de fâcheux, car les candidats sont debout de part et d'autre de l'avenue de l'UA qui va de l'Institut français du Congo au rond-point Bifouiti. Cela crée d'ailleurs un embouteillage, ajouté l'arrêt de bus juste à côté.

Le spectacle rappelle le recrutement lancé en mai 2008 par le Cfco. Des milliers des jeunes de 18 à 40 ans, sans emploi, avaient pris d'assaut la gare centrale de Brazzaville, confondus aux voyageurs. Au finish, le Cfco avait remis aux calendes grecques ce recrutement qui avait vu un nombre incommensurable des jeunes déposer les déposer. L'entreprise ferroviaire a donc préféré recruter en catimini des jeunes, parfois par téléphone, plutôt que de faire face à une jeunesse desoeuvrée et affamée.

Etre gendarmes, même cela n'a jamais été le rêve, c'est l'issue au chômage sans espoir à l'emploi. En plus, disent les jeunes, les rouages de recrutements ne sont jamais connus dans ces institutions. Souvent on est informé après le concours ou le recrutement. Pour une fois que c'es à ciel ouvert, il faut en profiter. Hier, deux officiers supérieurs ont débarqué là-bas avec les dossiers de leurs parents. Ils ont été défenestrés. Apparemment y a du sérieux. Cela rassure les jeunes, surtout ceux qui n'ont ni oncle ni tante ni père colonel.

Le chômage touche tout le monde. Une moindre annonce d'embauche attire des milliers des jeunes. Même les vieux viennent tenter leur chance. Le type d'emploi ne compte pas, il suffit que ce soit un gagne-pain disent certains. D'autres exercent des métiers qu'ils n'osaient pas faire dans leur vie, au regard des années consacrées dans leurs études. Ainsi, les travaux de canalisation, de maçonnerie, de ferraillage occupent des jeunes demandeurs d'emploi tant dans les villes que dans les campagnes où les pouvoirs publics réalisent les travaux de modernisation du pays et de la municipalisation accélérée.

D'après une étude du ministère de l'enseignement technique et professionnel publiée en juillet 2014, le chômage touche 42% des gens à l'échelle nationale. Très peu réussissent à trouver du travail par rapport à leur qualification. Nombreux font autre chose que ce qu'ils sont appris dans les écoles supérieures. Ce qui justifie des grappes de jeunes devant les postes de gendarmerie du Congo, dans l'espoir d'être comptés parmi les 2800 gendarmes à recruter.