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@Des agriculteurs prêts à se jeter dans la politique
@Des agriculteurs prêts à se jeter dans la politique

A la manœuvre depuis un moment dans l’émergence du débat sur le changement ou non de la constitution, et maintenant sur la désignation des candidats à la présidentielle de mars 2016, les paysans congolais animent aujourd’hui la vie publique, contrairement à l’idée discriminatoire qu’on se fait d’eux. Frileux et foncièrement partisans et manipulateurs, les intellectuels eux ne représentent plus rien, malgré les grandes études de philosophie, de sociologie ou de sciences politiques suivies dans les grandes et prestigieuses universités en Occident. Toutefois, la question de savoir si un peuple ignorant peut-il être souverain se pose en toutes circonstances.

Malfoutiers, chasseurs de rats, piroguiers, maraichers, pêcheurs de silures, semeurs de haricots ou planteurs de cannes à sucre,…les paysans congolais se sont emparés du débat politique. A force de les imlpliquer dans des débats étranges et subtils, désormais plus rien ne sera comme avant. Rien ne se fait sans eux. Les politiciens se rendent, accompagnés de grosses équipes de journalistes, dans les villages et champs agricoles pour écouter l’opinion des planteurs d’ignames sur, par exemple, la question du référendum.

Dabas, houes, machettes et semences qui résonnent quotidiennement dans la cabosse des paysans font mystérieusement place aux concepts politiques et socio-économiques. Le débat d’idées nait désormais dans les champs, dans les campements de pêche et dans les greniers. Les chaumières et les huttes sont désormais devenues de vraie boîte à idées politiques !

Comment donc ? A la naissance du débat sur le changement ou non de constitution, les paysans ont dit tout haut ce que les intellectuels ne pouvaient même pas murmurer. Même dans les chefferies, les monarques ont donné de la voix. Sur une question aussi importante, hautement juridique et politique, les fabricantes de « Minguele » se sont pleinement prononcées. Sur quel article ? Lequel avaient-elles lu ? Aucun, bien sûr ! Mais elles se sont emparées du débat, personnalisant ainsi la question. Pour elles, changer la constitution, c’est ouvrir grandement un boulevard à l’actuel chef de l’Etat afin de lui permettre de poursuivre son chemin.

Ainsi, sans lire le texte, les paysans ont supplanté les juristes, leur intimant presque l’ordre de rédiger une nouvelle constitution, mais dans laquelle l’article fondamental ne devrait pas manquer. Y a-t-il eu des avancées significatives dans la constitution du 25 octobre 2015 sur la vie de ces paysans ? D’autant plus que cela n’a pas été leur préoccupation, ils ne sont même pas donné la peine de vérifier.

A quelques semaines de la tenue de l’élection présidentielle, les paysans, toujours eux, relancent un nouveau débat dans les villages : Denis Doit Rester. En fait, cette phrase qui est le nom d’une association politique, n’est certes pas l’émanation des paysans, mais elle résume tout ce qui se dit dans les campements de pêche et de chasse. Dans les greniers, dans les villages et dans les chaumières, l’appel à la candidature du président Sassou N’Guesso est lancée.

Mais qu’est-ce qui se dit à l’université et dans les clubs de réflexion ? Rien ne ressort de là, dans le cas où ils se tenaient quelque chose ! Aucun débat avec les étudiants, aucun face-à-face avec les spécialistes de droit ou d’autres. Frileux, nos intellectuels n’ont pas le courage de leurs opinions librement exprimées. A la vérité, ils voient la mort partout, les représailles à la moindre expression librement consentie. Certains ont la bouche bougrement pleine et donc ne peuvent pas parler, d’autres préfèrent ne rien dire. L’université Marien Ngouabi ne devrait-elle pas éclairer la société, en commençant par poser les vraies questions de société et soutenir un débat logique ? Où sont les Camille Bangou, marxiste et idéologue de PCT ? Si Marien Ngouabi, Tyster Tchicaya, Come Mankassa, Christian Obembe ont tenu en haleine des étudiants et prof dans les amphithéâtres, que manque-t-il à nos intellectuels d’aujourd’hui ? Quel folklore cela fait que de voir les paysans s’accaparer d’une question aussi importante et juridique comme la constitution, sans que les intellectuels ne placent un mot !

Que serait devenue la France avec son Siècle de Lumières si toutes les réflexions arrivaient à travers champs et rivières et que le débat avait été cerné par de simples illuminés, ceux qui parlent des choses dont ils n’ont aucune connaissance?

Les écrivains, les philosophes, les sociologues, les politologues, les juristes, les économistes,…le Congo compte en aussi grand nombre des experts dans tous les domaines. Mais jamais, ils n’ont éclairé un débat brulant dans le pays. Le nombre de mémoires et de thèses soutenus à l’université ne sert alors que pour se faire une position individuelle dans la Fonction publique, et non pour rendre au pays ce qu’il a nous a donné. Dans le contexte où la vie politique bouillonne et bouillonne encore, les courageux paysans, nos bolcheviks, auraient bien eu l’honneur de créer et d’avancer les débats politiques, mais sont-ils suffisamment instruits et formés pour exprimer leur propre souveraineté ?

Non, un peuple ignorant n’est pas souverain, et un peuple instruit et formé est celui qui est fort. Pour le moment les intellectuels congolais ne jouent pas encore suffisamment leur rôle. Ils ont eu la grâce de remplir les cabinets politiques et ministériels, enseignent à l’université et leur mission s’arrête là. Sentent-ils toujours leurs couilles quand ils revoient des collègues d’école en Europe ? Pas si sûr ! Leur responsabilité est engagée, l’histoire leur demandera les comptes.

Tag(s) : #Politique, #Présidentielle du 20 mars 2016, #Paysans et politique, #Congo-Brazzaville, #BrazzaPLUS
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