
Mon combat pour la transparence et la crédibilité du processus de sélection des membres de la Haute Autorité de lutte contre la corruption porte ses premiers fruits. Le vice-président de la Commission de sélection des candidats aux différents postes de la Haute Autorité de lutte contre la corruption, le ministre de la Justice Aimé Ange Wilfrid Bininga procède ce lundi 17 février à l'ouverture publique des plis de candidatures. C'est une démarche tendant vers la transparence et la crédibilité du processus, c'est l'objet de ma campagne.
Depuis mon engagement à faire partie de cette Haute Autorité, je n'ai plaidé que pour la transparence et la crédibilité du processus de sélection de ses membres. C'était ma stratégie, non simplement une campagne pour un poste.
Beaucoup de Congolais, hélas, n'ont plus foi en la sincérité du gouvernement dans plusieurs engagement, et le cas échéant, la mise en place d'une équipe de gens indépendants et de bonne moralité pour lutter contre la corruption. Nous connaissons tous qui est qui dans ce pays.
Sur la base des faits vrais de l'histoire de notre pays, nombreux estiment que le président de la Haute Autorité de lutte contre la corruption sera parachuté depuis les officines politiques de Mpila (en fait du Plateau). Ils n'ont peut-être pas tort, mais ce candidat ou ce choix du pouvoir doit d'abord faire acte de candidature, et les Congolais le connaîtront. Personne ne se cachera. Dès ce lundi 17 février, la liste de tous les candidats sera établie et publiée, les noms connus du public. Les manœuvres pourront suivre, mais rien n'empêche que les candidats ou leurs partisans ne continuent de veiller à la crédibilité du processus.
C'est une première victoire pour moi. Nous avons réussi à faire que les Congolais s'approprient véritablement le processus de mise en place des responsables de cette institution publique. Avant, toutes ces instances ont été mises en place sans le moindre concours des Congolais, même à titre d'information. Des millions de Congolais sont toujours surpris de ces nominations en Conseil des ministres. Aujourd'hui, les choses vont changer.
C'est-à-dire, deux ou trois noms vont circuler à la cité, mettant du coup une pression sur le président de la République lors de sa dernière décision, la prise du décret de nomination. Il ne pourra malheureusement pas aller chercher une quatrième personne du néant, pour se débarrasser de la pression populaire. Comme on le voit d'habitude : le président de la République a réussi à déjouer la plupart des pronostics politiques et administratifs établis par la foule.
Mais, en nommant l'une des personnalités connues, à l'issue du travail fait par la commission de sélection, le chef de l'Etat rend par cet acte la Haute Autorité à la disposition des populations. Ce sera désormais leur institution.
On ne va pas forcer quelqu'un à être responsable de cette structure si lui-même ne fait pas acte de candidature. Ensuite, à la différence des députations et des sénatoriales, le processus doit être crédible et transparent sur deux volets : le CV du candidat peut ou ne pas peser pour lui, mais va déterminer la suite de la valeur de sa candidature : personnalité indépendante, non impliqué (soupçonné, sanctionné administrativement, jugé ou condamné) dans les actes de corruption, de fraude ou de concurrence, travailleur honnête, pas un activiste des causes politiques propagandistes ou un membre de parti politique. Sa volonté et son engagement sont nécessaires, car ils mettent réellement la différence avec les chercheurs d'emploi, les chasseurs de postes ou ceux qui attendent désespéramment des récompenses.
Faudra-t-il alors et obligatoirement quelqu'un qui sort du néant ou de la cuisse de Jupiter? Je ne sais pas. Ce qui est sûr, il faut que la nomination marque la rupture. Il ne faut pas le futur président soit aussitôt le symbole du rejet, du déjà entendu, des liens vite trouvés sur son appartenance à tel ou tel autre clan. Les autorités doivent apprendre à travailler avec les Congolais compétents, mais dont ils n'ont jamais vraiment entendu parler ni assis tout près dans une réunion ou lors d'un repas.
A la dissolution en fin 2017 de la Commission nationale de lutte contre la corruption, la fraude et la concussion, ainsi que son Observatoire, la volonté politique visait de créer une institution plus active et crédible, avec des pouvoirs renforcés. Sa mission principale était d'atténuer la corruption au Congo, notamment en éduquant la population à se détourner contre ces anti-valeurs, mais aussi à sévir contre les délinquants à col blanc à travers des investigations bien menées. Cela tient toujours, et c'est pourquoi je suis candidat.
C'est ça qui m'a motivé. Jamais je n'ai été impressionné aussi par la beauté intrinsèque de cette loi, par les explications du ministre de la Justice à la commission parlementaire... En plus, tous ces discours tenus par le chef de l'Etat depuis 2009, dénonçant "la corruption des gouvernants", indexant les magistrats qui jusque-là ne font rien. Je suis prêt à mener cette mission. Juste pour ces deux choses.
Mais si jamais d'autres Congolais, ayant la même inspiration et la même hargne que moi, mais avec des approches différentes, veulent faire cette mission, je ne vois pas le mal. S'ils sont dans les conditions, je les applaudirais de mes deux mains.
Ma contribution et de tous les amis qui ont perpétué, à ces moments, le débat sur la corruption, est précieuse pour la suite. Avec ou sans moi à la tête de la HALC, parce que en fait, c'est le président de la République, qui dans son secret, certes sur la base des éléments administratifs, techniques et moraux qui lui sont apportés, qui prendra la décision finale. C'est lui qui connaît le président de cette institution. Mais, je veillerai à ce que la transparence et la crédibilité du processus soient garanties cette fois-ci, au moins pour cette fois, pour le bien de tous.
Tout le bruit, la campagne menée autour de ma candidature visait justement cette crédibilité du processus, parce que la loi l'exige. Au Congo, la loi exige beaucoup de choses, même les bénéficiaires, informés, ne le réclament jamais. Confiance.