Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Sans vraiment commenter, voici ce qu'est arrivé à un journaliste angolais, Jose Soares Caetano, arrivé en séjour de travail à Brazzaville, et logé à l'Hôtel Le Boulevard où le personnel de l'établissement s'est organisé comme de vrais professionnels pour lui voler son argent, plus de 2000 dollars, près de Un million de F CFA. De l'ragent gracieusement gagné dans un pays où les salaires de ces agents d'hôtel sillonnent entre 75 et 200 dollars seulement, tout comme ceux des agents de l'Etat. Les Conards, ils ont dû se la couler douce cette nuit-là alors que notre collègue piallait dans sa nouvelle chambre. Miyibi, et le maître d'hôtel, qu'a-t-il fait pour sauver l'honneur de son établissement? Rien, aucun rond n'a été remboursé à notre confrère de Luanda qui a dû en mourir. Voilà, on vole à l'Etat, on vole les particuliers, et maintenant, on défonce les valises des étrangers, Toko suka mabe, na Congo oyo! Et dire qu'il y a juste quelques jours que le président Denis Sassou Nguesso qu'ils chantent nuit et jour, rentrant d'Addis Abebas, les avertissait sur le vol qui est devenu une valeur partagée dans notre société. "A l'époque, ils étaient bannis", avait-il dit.

Voici l'histoire de Jose : "Samedi, le 5 février 2011: Je suis bien arrivé et installé à Brazzaville, mais le séjour a eu le pire début que je ne pouvais jamais imaginer. Il y a des scènes de notre vie qui rassemblent a des romans, dignes d'une histoire de conte de fées ou de plusieurs épisodes d'un long-métrage policier. Celle-ci en est une d’entre elles, vécue personnellement.

 

J’ai l’habitude de visiter Brazzaville très régulièrement depuis la deuxième moitié des années 70, soit pour des raisons professionnelles, soit par des raisons familiales. Venir une fois de plus dans la patrie de Massamba Débat et de Marien Ngouabi, m'a semblé être une simple question de routine. Le fait d’avoir reçu mon visa en moins de trois heures m’a permis de me sentir plus à l’aise. Je remercie la gentillesse des fonctionnaires de l'ambassade congolaise à Luanda pour ça. Mais, cette fois, un malheureux hasard a frappé à ma porte. Ou mieux, en moins de huit heures de séjour, il a tapé à la porte de la chambre 207 de l'hôtel Le Boulevard où j’étais logé. Presque tout l’argent de mes frais de mission a été volé.

 

Voici l’historique : j’étais allé dans un des supermarchés de la capitale congolaise, pour me procurer quelques provisions à mettre dans la chambre. Le faisant, j’avais enfermé dans ma valise, avec un code secret renforcé par une clé, la plupart de l’argent ; j’avais pris sur moi seulement le strict minimum indispensable pour la course.

 

Mais, soixante minutes plus tard, quand je suis rentré dans ma chambre d'hôtel, une tache d’un liquide frais sur le drap a attiré mon attention, car j’avais laissé mon lit dans un état propre. Immédiatement, Je me suis tourné vers la valise où j’avais gardé l'argent et j’ai vu que les pantalons Jeans et le T-shirt laissés sur la valise étaient disposés de façon différente ! Rapidement, j’ai ouvert la valise et j'ai constaté que tout l'argent avait été pris. Heureusement, le passeport, l'ordinateur, un enregistreur Sony et une collection de CDs avec des photos et des vidéos n’ont été pas touchés. Le voleur, ou les voleurs, parce qu’ils étaient certainement en groupe, se sont uniquement intéressés à l'argent. La somme dilapidée correspondait à huit jours de séjour et de l’argent supplémentaire, soit plus de deux mille dollars américains!

 

Sûr du fait que le vol venait d’être commis, je suis descendu pour informer la réception de l’incident et demander qu’ils appellent immédiatement la police. «Qui a le double de la clé ? Où est le porte-clés et qui en a la gestion ?», avais-je demandé.

 

Il est déjà 18:00. Le «maître» de l'hôtel, alors présent, a refusé d'appeler la police et, comme on était déjà samedi soir, il a essayé de me convaincre d’attendre seulement le lundi matin afin de rendre compte de cet incident malheureux à sa direction !

 

J'ai refusé cette suggestion! J'ai appelé des amis congolais qui ont amené la police en 30 minutes. Sur place, la police m’avait demandé de rester calme et m’a dit que tout était sous contrôle. La police a aussi constaté, par l’odeur, que le liquide tombé sur le drap était du jus d'orange et était une preuve du fait que quelqu'un avait simulé un «room service», pour entrer dans ma chambre pendant mon absence. «Le personnel du bar doit être interrogé», ont-ils dit.

 

Ils m’ont conseillé de ne pas changer d'hôtel, et m’on déplacé dans une autre chambre, le numéro 120, au première étage. Les investigations se sont poursuivies les jours suivants.

 

Le mardi, j’ai pris aussi la décision de communiquer l'incident à l'Ambassade d'Angola à Brazzaville et, dans la l'après-midi, la police m’a écouté une deuxième fois pour des petits éclaircissements. Ils ont demandé de ne pas sortir cette nuit-là, parce que le directeur de l'hôtel devait venir me parler personnellement. Mais, personne n’est venu me voir.

 

Comme dans la plupart des hôtels, a mon arrivée à 9 :30, un fonctionnaire de l'établissement avait déposé mon bagage à la chambre, y compris le sac qui contient l'ordinateur, tandis que je me joignais aux autres clients au buffet pour le petit déjeuner: des gâteaux, œufs cuits, légumes, yaourt, maïs, fromage et café au lait.

 

J’avais aussi profité de la gentillesse du fonctionnaire de l’hôtel pour demander qu’Il m'achète une puce téléphonique et des cartes de recharges. Evidemment. il a eu droit à un petit pourboire. J'ai également profité pour me reposer et m’entretenir avec les images du jour, de la TV5, et le discours de Barack Obama qui demandait à Hosni Moubarak pour «écouter la voix du peuple égyptien…»

 

Ecoutant également la voix de mon estomac, j’ai décidé après tout ça d'aller au supermarché pour faire des achats de routine et garnir le petit réfrigérateur de mon chambre.

 

Il pleuvait abondamment à Brazzaville et, partout, il y avait des grandes mares d’eau, comme si la ville était une collection de petites lagunes. Le chauffeur du taxi parlait trop et racontait que sa mère était congolaise et son père angolais, naturel de la ville voisine de Mbanza Congo. Il m’a démontré aussi qu’il suivait attentivement l'actualité de l’Egypte des Pharaons, Nasser et Boutros-Ghali, et faisait de grands commentaires sur l'actualité africaine: «Gbagbo doit aussi partir et après lui beaucoup qui ne veulent pas écouter leur peuple!», disait-il, tandis qu'il cherchait à éviter les nids de poules des rues impraticables, sur la voie du retour à l'hôtel.

Payant ma course, j’ai pris les produits achetés, demandé «la clé de la 207», monté les escaliers avant de découvrir, alors, que j’étais victime d'un vol spectaculaire ! «Ne paniquez pas ; gardez votre calme, car nous avons besoin de vous en bonne santé !», m’a conseillé un monsieur de l'hôtel, appelé en urgence.

 

Je reste calme jusqu'à aujourd'hui. L'argent n’a jamais été et jamais ne sera le bien le plus important dans la vie de quelqu’un. La chaleur des amis, des parents et des collègues à Brazzaville valent beaucoup plus que deux mille dollars volés. J'ai perdu mon argent, bien sur, mais je n'ai pas perdu ma réputation. J'ai reçu d’immenses preuves de solidarité. Je ne crois pas que les auteurs de ce sale coup puissent dire la même chose avec la même dignité. Je souhaite qu’ils soient heureux tout le restant de leur vie et qu’ils puissent sortir de la pauvreté et de la misère avec cet argent.

 

Je remercie sincèrement la presse congolaise pour avoir accepter de publier cet article et envoyer des copies à l'Hôtel Le Boulevard où j’étais logé, pour que tout le monde puisse lire cette petite malheureuse histoire, y compris les auteurs du vol. Je veux que cela serve au changement d’une certaine mentalité selon laquelle être africain, c’est avoir de l’argent sans travailler, voler, boire, danser et vivre dans la plus grande paresse.

Tag(s) : #Droits Humains
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :