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ENS-UMNG.JPGGeneviève Bouyika, 38 ans, est une vendeuse de poisson salé au marché Total de Brazzaville, qui n'a pas pu finir ses études à la Faculté des sciences économiques pour avoir refusé de baiser avec un prof. "Cette situation a bouleversé ma vie, j'aurais pu être mieux que vendre dans un marché", nous affirme-t-elle.

 "Ce fut un vrai obsédé sexuel qui me menaçait à tout moment, je n'ai pas supporté, j'ai quitté la Fac en 2009, faute de voie de recours", déplore, quant à elle, Maryse Mpio, 27 ans, devenue femme de ménage à Brazzaville.

 "Et dire que j'ai passé mon Bac avec brio...", regrette, amèrement, Fridoline Mboyo qui a raccroché dès la première année de Droit, à la suite d'une pluie de mauvaises notes!

Ces cas sont à insérer dans les 29% d'étudiantes qui abandonnent leurs études à la suite des violences et harcellements sexuels, selon un rapport validé en fin octobre 2010 par le Ministère de la Promotion de la femme sur les violences sexuelles dans les établissements d'enseignement supérieur de Brazzaville, et dont copie est parvenue à SEVERIN NEWS.

"C’est pour lutter contre les violences sexuelles dans ces établissements, et suggérer des pistes de solution que nous avons réalisé cette enquête", justifie Louise Thérèse Botaka-Mengha, directrice générale de la Promotion de la femme.

 "Il y a une tendance à la banalisation de ces violences, alors que c'est une réalité. Le Congo réalise un bon taux de fréquentation des filles à l'école primaire, mais peu d'entre elles terminent à l'université, pourquoi ?", se demande éperdument Constance Mathurine Mafoukila, chargée du programme Genre et Droits humains au bureau du Fonds des Nations Unies pour la population à Brazzaville, interrogée par SEVERIN NEWS.

 "Il faut qu'on arrête d'abuser du pouvoir d'enseignant ou d'administratif sur les filles. Nous ne sommes pas des animaux pour laisser se développer une telle perversion", fustige-t-elle.

 Cette étude, réalisée par Yolande Berton-Ofoueme, prof de Géographie à Bayardelles, entre mai et juillet 2010 dans les établissements d'enseignement supérieur de Brazzaville, montre que 42% de filles sur les quelque 1467 étudiants interrogés -les effectifs de l'Université étant de 20.400 étudiants- sont victimes de ENSP-UMNG.JPGharcellements sexuels. Dans le lot, trois étudiantes ont révélé avoir été copieusement violées, et plusieurs fois, dans les bureaux des profs, et 44% ont eu des rapports sexuels forcés avec des enseignants. Une étudiante de la Faculté des sciences économiques est même tombée enceinte et le prof qui la baisait a refusé de reconnaître le fruit de ses efforts, alors qu'une autre a contracté le VIH/SIDA (Ho, pauvre d'elle!). Des problèmes de santé qu'on retrouve également chez un certain nombre de filles qui ont été terriblement sodomisées, sans pitié, par les prof!Elles souffrent, d'après ce rapport, des hémorroïdes internes et externes!

 Cités par 51% des filles et 69% de témoins interrogés, ces enseignants, rouges de colère, rejettent ces allégations. "Je ne suis pas concerné par ces bizarreries, car à mon âge-là, on ne se voit dans ces choses. Mais j'estime qu'ils ont les preuves palpables, car faut pas dire n'importe quoi", nous déclare Yvon Norbert Gambeg, prof au département d'Histoire à Bayardelles.

" Je ne sais pas si c'est vrai! Mais le terme violences sexuelles est très déplacé pour nous. Moralement, ce n'est pas acceptable, les étudiantes ont certainement des hallucinations", indique, quant à lui, Anatole Banga, chef de département de Littérature française.

"Le problème c'est que l'étudiant n'accepte pas sa note, il y a toujours un bouc-émissaire dans son échec", constate M. Banga.

 "L'échantillon de l'étude n'est pas assez représentatif, et on arrive à des déductions simplistes", commente Ernest Apendi, enseignant de Biologie à l'Ecole normale supérieure.

Mais, ils ne nient pas pourtant le phénomène. "Si cela est avéré, mais...les étudiantes sont des majeures consentantes", lance M. Gambeg.

"...Et les étudiantes, que ne font-elles pas pour provoquer tout cela ?", s'interroge M. Banga.

 "Il n'y a pas de fumée sans feu, il doit y avoir des cas isolés, mais il faut toujours vérifier et avoir les preuves", souligne M. Apendi.

 "Mais ces filles doivent savoir se tenir à l'école. Il n'y a qu'à les voir comment elles viennent aux cours, c'est comme si elles allaient à la fête de nonces. Et puis, cette histoire de partager les restaurants avec les étudiants nous diminue, les collègues doivent être regardant dans leur manière d'être", ajoute-t-il.

Déterminés, les étudiants plaident pour l'arrêt de ces pratiques. "Nous sommes coincés par l'absence des preuves. Mais le jour où un enseignant est pris en flagrance, on le chasserait de l'Université", prévient Daris Paka, un responsable de l'Union libre des étudiants du Congo (UEELCO).

 "Le plus important n'est pas de dénoncer ces faits qui existent. Les chefs d’établissement sont complices en n’appliquant pas le règlement intérieur ", déclare Roch Euloge N'zobo de l'Observatoire congolais des droits de l'Homme (OCDH).

 Malgré que l'enquête montre que 24% des victimes reconnaissent leurs agresseurs, aucune action judiciaire n'est ouverte. Ce qui pousse les victimes à quitter les facultés. "Notre Code pénal est muet sur le harcellements sexuel. Le juge est obligé de légiférer par assimilation", explique Nina Cynthia Kiyindou, juriste à Brazzaville. "L’absence de preuves découragent les victimes", ajoute-telle.

 "L'impunité couverte par ces actes criminels contribue à pérenniser ces pratiques à l'université", dénonce Christian Mounzéo, président de la Rencontre pour la paix et les droits de l'Homme (RPDH).

 

Le ministère de la Promotion de la femme envisage créer des cellules d'écoute et mettre en service un numéro vert pour venir en aide aux victimes. "Il n'y a pas que les filles, même les garçons subissent ces violences", informe Mme Botaka-Mengha.

 

 

En effet, selon cette enquête, 38% de garçons subissent les menaces de redoublement. "J'ai passé quatre sessions d'examens sans succès parce qu'un prof me soupçonnait d'empêcher une fille de sortir avec lui. J'ai quitté la Fac sans ma licence", regrette Fulgence Moukani, ancien étudiant en Journalisme.

 

 

"Ce cercle vicieux doit faire l'objet de dénonciation et de répression pour redorer l'image de l'université ternie par ces enseignants sans morale", suggère M. Mounzéo.

"Les femmes doivent aller plus loin en faisant adopter une loi sévère qui stoppera ces pratiques malsaines", conseille M. Apendi!

Tag(s) : #Societé- Développement
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