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Pondeuses de NkouoVioci un reportage de SEVERIN NEWS sur les villages agricoles mordernes de Nkouo, construits par le gouvernement pour concevoir autrement l'agriculture au Congo, en esperant changer la donne de la main tenue, des grandes exportations des produits alimentaires vers l'etranger. L'experience est trs bonne, mais lisez plutot ce qu'en pensent de nombreux Congolais...

 

Occupé à ramasser, dans son poulailler (notre photo), les 660 œufs journaliers, Nazaire Kenamiki, déclare, sans se retourner : "C'est la réalisation d'un rêve. Je suis ravi d'élever des pondeuses sans avoir dépenser un seul sou".

" Ici, tout le monde est très motivé", ajoute-t-il, entièrement satisfait de son nouveau travail à Nkouo, l'un des trois nouveaux villages agricoles que le gouvernement bâtit au nord de Brazzaville, la capitale congolaise.

Standard Koussala, un autre exploitant agricole de Nkouo, poussant une brouette pleine de palettes d'œufs, affirme : "Chaque jour, je dois déposer au centre de stockage 22 à 24 palettes d'œufs et je m'y emploie sana relache".

"C'est comme un jeu, le ramassage des œufs. Je suis le premier ici à avoir atteint 27 plaquettes par jour, soit 810 œufs", se félicite Julien Mouanda-Mpoungui.

Après avoir construit en 2009 et fait expérimenter le village agricole de Nkouo par la Société congolaise de modernisation (SOCOMOD), filiale d'un groupe agricole israélien, le gouvernement a confié ces exploitations agropastorales aux jeunes congolaise. Il s'agit de 40 familles (épouses et enfants) sélectionnées parmi 358 demandeurs."Ce ne sont pas des agents de l'Etat, ils travaillent à titre privé. Ils ont la contrainte des résultats, et nous y tenons", indique Jean Claude Elombila, coordonnateur national des villages agricoles.

La production journalière moyenne est de 26.400 œufs, soit 8 millions d'œufs par an. Un "boom" qui influence déjà le prix de l'œuf sur le marché. Une palette d'œufs est passée de 3.000 a 2500F CFA, soit 75F CFA l'unité. "Là, je viens d'acheter 1.000 œufs frais; il y a deux jours j'en avais pris 750", informe, Camara Diarra, un commerçant ouest-africain.

Chaque jour, les commerçants parcourent les 80Km qui séparent Nkouo de Brazzaville pour se ravitailler en œufs frais. "Avant, je vendais l'œuf à 150F CFA, maintenant, je le fais à 100F CFA, et je suis toujours gagnant", témoigne Mujos Bunda, vendeur ambulant.

L'Etat a remis à chaque jeune 792 pondeuses et deux hectares de maniocs. Ces 40 familles vivent dans des maisons construites par l'Etat (voir cette image en bas), avec unVillage agricole de Nkouo minimum du standing de la ville. Des constructions qui coûtent 13 milliards de F CFA à l'Etat. "Tout est gratuit ici. Ils ne payeront que l'eau et le courant", précise Elombila.

Ces jeunes vivent de la vente des produits agricoles, selon les efforts et le rendement de chacun. Une fiche est ouverte au dépôt des œufs.

Avec deux millions de kilogrammes de manioc l'année, les nouveaux villages agricoles constituent un espoir pour l'Etat dans la réduction de ses importations alimentaires, évaluées à 120 milliards de F CFA par an. C'est pourquoi il a prevu d'injecter, entre 2011 et 2015, 40 milliards de F CFA l'année dans le budget de l'agriculture.Ce qui ne represente malheureusement que moins de 2% du budget national 2011, estime a plus de 3004 milliards de F CFA.

Mais, suite aux multiples échecs des politiques agricoles, nombreux sont sceptiques. "Il y a d'autres projets, porteurs d'espoir, que l'Etat a abandonnés. Le cas de l'élevage de 3.000 pondeuses à Owando (nord), délaissé en 2007, faute de mécanisme de suivi", déplore, à SEVERIN NEWS, Kevin Mviri spécialiste de suivi budgétaire à l'Association pour les droits de l'Homme et l'Univers carcéral (ADHUC), basée à Brazzaville.

"Dans la Likouala (nord), le Projet de développement rural (PRODER) financé à 8 milliards de F CFA, a échoué dans sa première phase, là aussi faute de suivi", cite-t-il encore.

"Attendons voir, on ne sait pas encore quelle est la base réelle d'un tel projet'', affirme Antoine Yengo, enseignant a Brazzaville.

L'Etat appelle à tirer un trait sur le passé. "Pourquoi voulez-vous que ça échoue ? Ces échecs étaient dus aux facteurs extérieurs au ministère de l'Agriculture", essaie de justifier M.Elombila.

"Cette expérience diffère des autres, en ce que l'Etat n'intervient plus dans la gestion", analyse Patrick Yandza de l'hebdomadaire 'Le Patriote', paraissant à Brazzaville, et proche du pouvoir.

"La seule crainte en nous, c'est le retard éventuel dans la finalisation des deux autres villages agricoles. Si les délais ne sont pas respectés, notre existence est menacée", prévient Kenamiki.

En fait, Nkouo est un des trois villages agricoles prévus à Odziba et à Imvouba, dans le même bassin agricole. Ces villages serviront à l'élevage des poussins et à la fabrication d'aliment de bétail. Les pondeuses actuelles n'ont qu'une durée de 18 mois de ponte, après il faut les remplacer.

Selon le rapport 2010 de l'Institut international de la recherche sur les politiques alimentaires, basé à Rome en Italie, 21% de Congolais meurent de faim, alors que d'après la Banque mondiale 70% des 3,8 millions de Congolais vivent avec moins de 500F CFA par jour.

L'agriculture est peu performante. A peine 2% des 10.000 hectares de terres cultivables sont exploités, d'après l'Organisation des Nations Unies pour l'Agriculture et l'Alimentation. Le manioc, l'aliment de base, est souvent victime de la mosaïque, une maladie qui détruit cette culture.

En créant les villages agricoles, le gouvernement veut professionnaliser l'agriculture, car presque aucune entreprise ne s'intéresse à ce secteur dans le pays. Les registres officiels ont noté que seulement 1% d'entreprises créées en 2009 s'intéressent à l'agriculture, alors que 74% d'entre elles s'occupent du commerce, notamment dans l'importation des produits alimentaires.

Tag(s) : #Societé- Développement
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