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@Tsengue-Tsengue
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Suite aux pluies qui se sont abattues en octobre et novembre derniers sur Brazzaville, causant de nombreuses pertes, l'ingénieur Tsengue Tsengue, patron de la société Challenge Futura, connu pour ses nombreuses distinctions honorifiques à l'étranger, écrivait au président Denis Sassou N'Guesso pour prendre des mesures nécessaires. Mais les pluies ne sont pas finies. Elles pourraient même s'annoncer très grandes et graves (Ndolo) à partir du mois de mars. Ainsi de la fabrication des bateaux à la production des champignons, Tsengue Tsengue ne cesse de faire preuve d'une ouverture d'esprit pour la construction d'un Congo moderne à l'horizon 2025. Voici l'intégralité de la lettre qu'il a adressée au chef de l'Etat:

Monsieur le Président,

Permettez-moi d’abord, en ce début d’année, de m’acquitter de l’agréable devoir de vous adresser, à vous, à toute votre famille et à tous ceux qui vous sont chers, c'est-à-dire les congolais, mes vœux de bonne santé, de bonheur et de prospérité. Puisse cette année être, en particulier, sereine pour de nombreux congolais déjà sinistrés ou victimes de graves menaces de catastrophes climatiques.

En effet, des centaines milliers de nos compatriotes subissent durement les terribles effets des pluies diluviennes qui s’abattent désormais régulièrement depuis quelques années sur notre pays, avec malheureusement de plus en plus d’intensité et donc corrélativement de plus en plus de victimes. Les sinistres les plus dramatiques sont, bien sûr, enregistrés dans les quartiers nouveaux de Brazzaville impropres aux habitations mais que les pouvoirs publics ont laissé, imprudemment et parfois négligemment, investir par des populations plus ou moins ignorantes et inconscientes des risques d’érosion, de glissement de terrain qui leurs sont inhérents : Simba-pelle, Petit-Chose et Ngamakosso à Talangaï, La Base (Ngambio) à Mfilou, ….etc.

Moins dramatique, mais toujours extrêmement grave est la situation des dizaines de milliers de Congolais de Moungali et Poto-Poto aux prises avec des inondations emportant parfois des vies humaines en raison des voiries insuffisantes ou inexistantes, parfois mal réalisées ou inachevées. Dans ces quartiers populaires de Brazzaville où la pauvreté règne, quand les habitations ne sont pas emportées par les érosions ou englouties par les sables, elles subissent de graves inondations dont les eaux ne sont extraites que péniblement et archaïquement, au seau, par nos concitoyens victimes après avoir occasionné souvent en quelques heures seulement de pluie des pertes de biens de toute une vie de labeur des ménages.

Monsieur le Président, les mois de novembre et décembre 2015 ont été extrêmement éprouvant pour ces compatriotes que toute perspective de pluie était désormais annonciatrice de malheurs. Des compatriotes à qui les pouvoirs publics sont redevables de ne les avoir pas interdit de s’installer sur des zones à risques ou dangereuses ; des compatriotes pour qui les pouvoirs publics n’ont pas pu et ne peuvent toujours pas réaliser des actions d’adaptation aux conditions de ces zones à risques ou dangereuses ; des compatriotes qui voient arriver avec une très grande appréhension les mois de mars et avril prochains qui seront aussi pluvieux, voire plus, que les mois de novembre et décembre derniers. En définitive, ces calamités sont, et de très loin, moins imputables aux changements climatiques, encore moins à l’ignorance ou inconscience nos compatriotes qu’à la gestion du développement de nos cités par les pouvoirs publics.

Manifestement, Monsieur le Président, sauf votre respect, le milliard de francs CFA que le Conseil des Ministres du 23 décembre dernier a décidé d’affecter à la solidarité avec les victimes sera insignifiant au regard de l’ampleur du problème qui ne devrait d’ailleurs pas se limiter, comme décidé en Conseil des Ministres, à la prise en charge, essentiellement en terme de relogement, des sinistrés existant et à venir. Il faudra largement plus, surtout pour conjurer le sort et atténuer à un niveau acceptable l’impact dramatique sur nos concitoyens de ces catastrophes qui vont s’intensifier dans l’avenir en raison des changements climatiques. Il faudra, notamment, sortir de la logique de la solidarité post-catastrophe, celle du médecin après la mort pour embrasser celle des actions d’anticipation et de prévention. Dans cette perspective, et respectueusement avec votre permission, des mesures d’urgence s’imposent :

  • Evaluer globalement, grâce à une task-force pluridisciplinaire à mettre rapidement en place, la situation en prenant en considération, non seulement la solidarité post-catastrophe, mais aussi et surtout l’adaptation, l’anticipation et la prévention,
  • Concevoir et mettre en œuvre des grands travaux d’urgence, des grands aménagements destinés à assurer l’adaptation de nos concitoyens qui ont élu domicile dans les zones concernées dans le but de minimiser leurs risques ou leurs dangerosités. C’est ici et maintenant que les « Grands Travaux » dont vous avez la responsabilité directe doivent se montrer fortement innovant en sortant des schémas classiques d’aménagement pour concevoir, proposer et mettre en œuvre des solutions qui soient de véritables ripostes à ces catastrophes,
  • Déplacer ceux de nos compatriotes les plus menacés et les plus vulnérables des zones où les grands travaux d’urgence et d’adaptation ne sont pas faisables et les réinstaller en zones plus hospitalières plutôt que faire uniquement des interventions de solidarité post- catastrophe. Alors que nos pouvoirs publics et leurs experts savent pertinemment qu’en raison des changements climatiques, les catastrophes seront de plus en plus fréquentes et de plus en plus intenses, donc occasionneront de plus en plus de sinistres, si rien n’est fait en terme d’anticipation.

Et bien sûr, notre pays ne manque pas de moyens pour relever cet urgent défi, même avec la baisse actuelle du cours du pétrole. En effet, des grands travaux sont encore et toujours réalisés dans notre pays : des municipalisations accélérées aux installations des 11èmes jeux africains, en passant par l’université Denis Sassou N’Guesso de Kintélé, etc… Ces travaux seraient-ils plus urgents que ceux qui affranchiraient ces centaines de milliers de nos concitoyens de la fatalité des effets des catastrophes climatiques sur eux ou du moins qui les atténueraient ou amortiraient ? Certainement, non.

L’urgence de riposter efficacement à la menace des catastrophes climatiques sur nos compatriotes nous commande d’être très innovant et de mobiliser toutes nos ressources humaines, cadres et experts disponibles en la matière pour relever le défi. Il sera certainement nécessaire de recourir à des expertises extérieures pointues et de capitaliser les expériences des autres pays en matière de grands travaux d’aménagement, tout particulièrement en situation d’urgence et en zones géologiquement difficiles.

C’est ainsi que je forme le vœu en ce début d’année de voir nos compatriotes de ces zones envisager le futur avec sérénité grâce aux actions urgentes d’anticipation qu’ils attendent impatiemment et que ne manquerez sans doute pas de prendre et mettre en œuvre.

Bonne année à vous Monsieur le Président ! Bonne année à ces compatriotes victimes ou menacées par les catastrophes climatiques ! Bonne année au Congo !

Très haute considération.

TSENGUE-TSENGUE

Tag(s) : #Tsengue-Tsengue, #Denis Sassou N'Guesso, #Lettre ouverte de Tsengue-Tsengue, #Environnement, #Societé- Développement, #Congo-Brazzaville, #BrazzaPLUS
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