Suspicions, intrigues et manoeuvres de positionnement ont, semble-t-il, conduit à la démission de Paul-Marie M'Pouele de la tête du Front pour le respect de l'ordre constitutionnel et l'alternance démocratique (FROCA), une plate-forme de l'opposition qu'il a quasiment créée et dirigée de main de maître depuis 2014. Dans une lettre adressée le 10 novembre 2015 aux présidents des partis membres du FROCAD et dont la rédaction de BrazzaPLUS a reçu copie, Paul-Marie M'pouele appelle au rassemblement et à l'unité de l'opposition. Une démission qui tombe hasardeusement au moment où une autre frange de cette opposition conduite par Marion Michel Manzimba s'apprête à mettre sur pied une autre coalition. Dans l'interview qu'il a accordée à BrazzaPLUS, Paul-Marie M'Pouele affiche sa détermination pour l'opposition, et explique la motivation de sa démission.
Pourquoi cette lettre de démission?
Je n'ai plus aimé le climat de suspicion qui s'est installé au sein du FROCAD. Je crois avoir fait mon devoir, même si je ne suis pas arrivé au top de mon potentiel.
Est-ce que vous n'avez pas souhaité vous libérer en attendant votre nomination comme ministre dans le prochain gouvernement?
Non, je ne suis dans aucun gouvernement. Cette rumeur est entretenue par mes détracteurs. Sassou N'Guesso ne nomme pas ses ministres sur Facebook. Mais je reste membre du FROCAD et coordonnateur du mouvement 'Sauvons le Congo'. Je suis un des fondateurs du FROCAD. Il est incontestable qu'avec nous à la tête, l'opposition congolaise a retrouvé ses lettres de noblesse. Après un tel travail, il n'y a aucune raison de changer de camp.
Vous tenez à expliquer des choses, de quoi vous reprochez-vous?
Mon intervention est loin d'être une explication parce que je ne dois des explications à personne. Depuis que l'UPADS avait été renversée en 1997, j'ai toujours été à l'opposition. Pourtant je n'ai pas une situation sociale appréciable. Je suis donc à l'opposition par conviction et non par intérêt personnel.
Que répondez-vous à vos partisans qui disent que vous avez été fortement "Ngirisé" pendant les tristes événements du 20 et 21 octobre dernier?
D'abord mes partisans ne peuvent pas me soupçonner de quoi que ce soit parce que nous nous faisons confiance. Ceux qui redoutent mes amitiés avec telle ou telle personne expose en fait leur propre fragilité devant l'argent. J'ai mes convictions et je suis républicain. Je crois que toute personne qui prétend diriger notre pays doit avoir les capacités de rassembler ce qui est épars, rassembler les Congolais au-delà de leur diversité politique, culturelle et sociologique. Taxer quelqu'un de corrompu parce qu'il a des liens avec tel ou tel agent de l'État est idiot. Une telle dénégation de l'État m'étonne de la part de ceux qui ont participé à la construction de ce système inique qui nous broie aujourd'hui.
L'opposition congolaise est-elle seulement faite pour le sud? Pourquoi vous ne mobilisez pas au nord?
C'est au président de la République de comprendre qu'il ne peut pas diriger un pays ainsi divisé. Toute fuite en avant ne me parait pas être une solution crédible. On voit bien comment le Burundi s'enlise.
NB: Ci-dessous, lettre de démission