Des jeunes du quartier Château d'Eau de Makelekele à Brazzaville, ont pris d'assaut ce mardi 20 octobre le rond-point qui porte le même nom pour manifester contre le référendum constitutionnel. La police et l'armée qui ont tenté de disperser les manifestants qui érigeaient des barricades sur l'avenue se sont retirées de la zone, en attendant certainement une réaction plus adéquate et coordonnée.
A Brazzaville le soleil s'est levé sous les coups de feu de l'armée qui tentaient d'empêcher les jeunes de manifester sur le macadam à Makelekele. Des pneus ont été brûlés à l'entrée même de Château d'Eau, des carcasses de voiture dont un un long bus et un taxi ont été renversés sur la voie publique, obstruant ainsi toute circulation en direction de Kinsoundi ou de Marché Total par l'avenue Terinkyo.
Les adultes, hommes et femmes, assistaient, inquiets, les jeunes manifester, et se demandaient manifestement jusqu'où cela peut bien aller. D'après les témoins, un véhicule de la police qui tentait de disperser la foule a heurté un enfant et qui serait mort sur le coup. Une action qui a ravivé la tension au quartier Château d'Eau où en fait les populations avaient déjà commencé à manifester depuis ce matin.
Une très forte présence militaire est remarquée à Brazzaville. Les éléments de la force publique ont pris position devant les bâtiments stratégiques et les administrations publiques. Une présence également renforcée devant les domiciles de certaines autorités, notamment au centre ville. La messagerie et l'internet mobile ont été coupées depuis hier soir, et la fréquence de RFI, une radio bien écoutée à Brazzaville et à Pointe-Noire, a été machetée!
D'autres points chauds ont été enregistrés ce matin à Brazzaville. Au rond-point Mouhoumi à Mfliou, des jeunes manifestants ont également érigé des barricades et brûlé des pneus, empêchant toute circulation sur la voie publique. A Commission, sur la mythique place du 3 Novembre 1993, au marché Total, des scènes d'effervescence sont aussi observées.
Fait étonnant, aucune déclaration des responsables de l'opposition qui avaient appelé ce mardi à la journée "Ville morte", sur les principales villes du Congo. A quelques heures de leur meeting prévu au boulevard Alfred Raoul de Brazzaville, aucun mot d'encadrement ou de rassemblement n'a été lancé. Pour l'heure, les manifestations observées ne sont pas encadrées et les populations y vont presque de leur propre initiative. Le préfet de Brazzaville, Cebert Iboko Onango a d'ailleurs interdit, dans un arrêté publié lundi soir à Brazzaville, toute manifestation sur ce boulevard.
La capitale congolaise reste calme. La plupart des travailleurs ne se sont pas rendus au service, et des écoles sont restées fermées dans partie sud notamment. Cette absence au poste de travail a plus été accélérée par manque de circulation. Dans la partie nord de la capitale, certaines écoles ont ouvert et quelques bureaux privés ont fonctionné. La plupart des administrations publiques étant concentrées au centre-ville, l'impact a été très palpant.
Lundi sur la télévision nationale, le journal de 20H a essentiellement porté sur la journée de ce mardi. Plusieurs communiqués, dont celui émanant de la Présidence de la république, appelaient les travailleurs à se rendre au service ce matin. Le ministère de l'Intérieur et celui du Travail ont martelé dans la même direction, annonçant qu'il n'y avait pas de journée "Ville morte" ce 20 octobre. Le maire de la ville, Hugues Ngouelondele, qui ne s'exprime presque jamais sur les situations des Brazzavillois, a aussi appelé ses concitoyens à vaquer normalement à leurs occupations.
A Pointe-Noire, le fond de Ntiétié et le quartier Voungou étaient en ébullition ce matin, pneus brûlés et carcasses de voiture sur la chaussée. A Mongo Nkamba, les commerces sont fermés, le transport en commun fortement perturbé. D'après un habitant de Loandjili, seuls quelques bus publics (STPU) assurent le transport, mais pas assez de monde dans les stations de bus. Les gens ont préféré rester chez eux dans la prudence.