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©Le Mpezolo Ngunza
©Le Mpezolo Ngunza

Grand mouvement de réveil spirituel et de prière au Congo dès les années 20, le Ngunza a peiné pendant longtemps d'intégrer la jeunesse. Considérée à l'époque comme une église réservée aux vieilles personnes, le Ngunza, a évolué, après le prophète Simon Kimbangu, quasiment sans une jeunesse engagée. Une tendance aujourd'hui renversée, notamment dans l'Eglise Unie du Saint Esprit au Congo (EUSEC) du prophète Philippe Mbemba Mavonda Ntangu.

Deux siècles après l’événement de Evuluvulu près de Mbandza Kongo marquant la mort sur un bûcher de la prophétesse Ndona Béatrice dite Kimpa Vita le 2 juillet 1706, le réveil spirituel reprenait dans l’ancien territoire du Royaume Kongo. Les premiers indices sont venus des papas comme Metesala Nkembo ou de Mama Lukenga entre 1918 et 1920.

La manifestation du Saint Esprit à travers la transe ouvrit à nouveau le culte noir. Mais c’est avec Simon Kimbangu que, le 6 avril 1921, ressuscitant Maman Kiantondo à Nkamba que le nom Ngunza (Prophète, Envoyé) est non seulement utilisé, mais aussi revitalisé. Dans toute la contrée, les malades déferlent sur Nkamba, environ 4.000 pèlerins par jour, selon un missionnaire catholique belge. A l’image de Jésus-Christ, Simon Kimbangu désigne également ses 12 apôtres, ce qui fait dire aux gens que Nkamba est devenu la nouvelle Jérusalem. Il faut retenir trois piliers dans la prédiction de Simon Kimbangu :

  • Se détourner des fétiches (son père était un grand féticheur de la région) ;
  • Abandonner la danse avec les tambours (Ngoma) ;
  • Ne pas être polygame.

Sur chaque message, Kimbangu, ancien catéchiste baptiste, se basait sur la Bible.

Ce grand mouvement Ngunza, suscitant la colère et la jalousie des autres religions comme le Catholicisme romain, sera bientôt la cible des attaques. Le Kingunza est mis en déroute le 12 septembre 1921, Six mois seulement après sa montée en puissance.

Mais dans ce feu de l'action, plusieurs autres Ngunza naissent ou apparaissent, notamment Philippe Mbumba à Kinkenge en 1921 et plus tard Philippe Mbemba dans les années 40 à Kilubi, notamment.

2- Donne historique de Jeunesse dans l’Eglise Ngunza

La jeunesse est un indice important dans la mission Ngunza. Simon Kimbangu a été baptisé à l’âge de 28 ans, en 1915, comme protestant. Mais ce n’est qu’à l’âge de 34 ans qu’il démarre réellement sa mission de Ngunza. Il avait dans la mission protestante le grade de catéchiste, n’ayant pu être consacré pasteur, malgré son intelligence.

Mbemba Philippe Mavonda Ntangu est né une année seulement après le prophète Simon Kimbangu, en 1888 à Mangola-Nsuku. Le prophète de l’EUSEC est baptisé à l’âge de 41 ans, lui aussi comme protestant, en 1929 à Kinkenge, dans le secteur de Luozi, où il y avait déjà un grand mouvement Ngunza animé par Philippe Mbumba, arrêté lors des rapts de 1921.

Parlant d’une autre figure Ngunza proche de Philippe Mbemba, Albert Ndongani né en 1921, donc pendant l’émergence du mouvement Ngunza, il a reçu son baptême à l'âge de 35 ans.

Comme on peut le voir, la donne de Jeunesse aux débuts du mouvement Ngunza a été plutôt rare. La moyenne d'âge de Jeunesse était bien au dessus de la trentaine. A plus de 40 ans, on trouvait des jeunes dans des communautés dont les aptitudes appelées à se fondre dans la masse, en cas d’attaque des auxiliaires de colons. Plusieurs autres conditions comme la capacité spirituelle de combattre l’ennemi écartaient systématiquement les jeunes de la voie Ngunza. Plus loin, nous y reviendrons.

3- Itinéraire de la jeunesse dans l’Eglise Ngunza et dans l’EUSEC

Lorsque nait à partir de 1921 le mouvement Ngunza à Nkamba dans le Bas-Congo de la RDC, les personnes de tous âges adhéraient. Les jeunes Mbikudi, comme maman Mandombe très active à Nkamba en 1921, n’auraient pas encore dépassé la trentaine. La jeunesse y était. Certaines études rapportent que papa Simon-Pierre Mpari (né en 1909- tête décapitée Madimba), un homme lettré qu'on croit être le secrétaire Ta Kimbangu, ce qui est vraiment faux, était tout jeune quand il est engagé dans le mouvement, a 29 ans.

Mais le tout s’est ébranlé à partir de 1922. La chasse aux Ngunza n’épargnait pas les enfants et les jeunes qui se retrouvent en prison et nombreux déportés (37.000 familles) loin de leurs contrées, loin de leurs pays. Pour survivre à ces persécutions, les Ngunza ont développé une célébration de culte mobile.

D’autres anciens se sont carrément refugiés dans les forêts ou les grottes, le Mfinda, bien sûr, tout différent de Ntandu, école initiatique. On sait aussi que la grande assemblée de Kindundu visant à trouver un nouveau chef Ngunza et où prenaient part 97 disciples de Kimbangu n’aboutira pas. On sait tous peut-être que les 44 jours et nuits de jeun de Simon Kimbangu devraient aider à désigner Simon-Pierre Mpadi comme son successeur. En réalité, il commença sa mission le 5 septembre 1939, à 30 ans, à la mission salutiste de Kinshasa.

A Brazzaville où le Kingunza de Simon Kimbangu, de Philippe Mbumba, auquel adhérèrent le prophète Philippe Mbemba Mavonda Ntangu, le Révérend Albert Ndongani, tata Mvila, tata Diekanyina Paul Moulolo….et d’autres (ce n’est pas le sujet du jour), est confondu au mouvement politico-méssianique, le Matswanisme, en vogue dans la contrée depuis le début des années 40. Le contexte national ou de la région fait de résistance et de demande à plus de liberté caractérisait, il faut le souligner, tous les mouvements Ngunza de l’époque, chants et prières appelaient à la Liberté : Kimpwanza. Il fallait l’institution d’un ordre nouveau, car depuis 1706, toutes les prophéties convergent vers cet idéal.

Ainsi, le colon français, asphyxié par l’affaire des indépendances, durcit le travail dans les colonies. A Brazzaville donc, il y a l’affaire des 3 Francs dans laquelle tous les autres Ngunza seront embarqués, par erreur, plutôt que seulement les adeptes de André Grénard Matswa, élevé au rang de prophète après sa mort, lui qui n’avait pas créé d’église de son vivant, mais plutôt une association politique, Amical.

Après les indépendances de 1960, après la libération des Anciens Ngunza dont le prophète Philippe Mbemba Mavonda Ntangu, déporté entre 1957 et 1960 à Bilungi dans le Bandundu en RDC, la joie ne dure pas longtemps pour la jeunesse Ngunza. Les choix politiques de l’époque pèseront sur l’Eglise Ngunza dont les jeunes sont, en termes voilés, interdits de fréquenter les lieux de culte où seuls les résistants Corbeaux ou Matswanistes y vont. Pour les désobéissants, les membres de la JMNR s’en saisiront si ce n’est directement la Défense civile, entre 1966 et 1967.

Le désintéressement de la jeunesse vis-à-vis de l’Eglise Ngunza est visible, motivé. Les quelques malades sans conviction y fréquentent. De leur côté, les Anciens élèvent les règles d’intégration aux sectes et les jeunes se voient les portes de l’église prophétique se refermer. Les plus respectés et acceptés doivent avoir un certain âge, être mariés et faire preuve d’une « grande sagesse ». Le milieu ressemble ainsi, pour de nombreux jeunes, à un culte bizarre, réservé seulement aux sorciers, aux gens suspects et mystérieux, leur coiffure et leur habillement étant notés comme des preuves palpables d'un Ésotérisme saillant. La place de Dieu y est presque à rechercher. La Bible est moins mise en avant. Tout le monde ne jure que par les miracles et les chants de révolte comme Congo Dina Nikuka.

En plus, les jeunes qui intègrent le mouvement doivent faire preuve de capacités spirituelles évidentes, le Mpandu. Le Ngunza doit donc obligatoirement Zakamer, Bikuler, Niakiser. Les trois choses répondent ainsi plus à une devise plutôt qu’à un objectif, la première mission du Ngunza est de sauver le peuple. Des attentes devant lesquelles les jeunes de fin des années 60 reculent. Pas de place pour eux.

Mais entre 1970 et 1980, on enregistre beaucoup de jeunes dans le mouvement Ngunza. On estime que c’est un cycle et il faut y voir en même temps la main de Dieu Lui-même. Car en réalité, le climat politique ne s’est pas du tout amélioré, quoi que la JMNR et la Défense Civile aient disparu. D’ailleurs, le Ngunza n’est pas parmi les religions reconnues au Congo à cette époque dominée par le Socialisme scientifique, et non par des idéologies confessionnelles basées sur la Foi. Mais, le mouvement s’est pourtant largement bien ouvert. Des grandes conquêtes se font à Pointe-Noire et dans le Niari profond comme à Makabana ou Mossendjo, connus alors pour la pratique du Nzobi. Des jeunes y sont.

Dans les structures qui fonctionnent déjà comme des paroisses, mais à l’époque on les appelle des Eglises, les jeunes assurent les seconds rangs. En fait, le cœur de l’Eglise n’a vraiment pas besoin d’eux pour fonctionner. Mais pour les garder, les Anciens leur confient des missions plus moins importantes. Ils s'occupent de l'animation, notamment les Batteurs de Tam-Tam. Ils deviennent des Secrétaires pour écrire les documents de base de la structure. Les jeunes sont aussi placés à la tête des paroisses ou Eglise pour servir d’interface avec tout étranger, notamment les agents de l’Etat qui parlent Français. Les jeunes, c’est enfin des présidents de ces structures dont le rôle est, sans le dire tout haut, de Financer les activités spirituelles (Nzietolo, voyages, achats bougies, ration alimentaire,...), surtout ceux qui ont des salaires à l'Etat ou dans le privé.

La conséquence c’est qu’en tout début des années 80, des jeunes pasteurs sont ordonnés, le cas du Pasteur Dominique Makoundou à la Noël 1981 à l'âge de 33 ans, ou du pasteur feu Ngoumba Alphonse, à la Pentecôte 1982, lui aussi à l'âge de 33 ans, tous très jeunes, pour ne parler que de ces deux papas, fort heureusement consacrés à Nkayi.

Nous avons dit qu’il fallait y voir la main de Dieu, car c’est parmi ces jeunes pasteurs qui seront très vite rejoints par d’autres entre 1983 et 1986, que se construira le socle intellectuel de l’Eglise, nécessaire pour le grand combat de la reconnaissance officielle du Culte Ngunza. La création, le 20 mai 1988, de l’Eglise Unie du Saint Esprit au Congo (EUSEC), l’Eglise de Philippe Mbemba Movanda Ntangu, est réfléchie et organisée grâce à cette crème de jeunesse, nombreux étant des grands cadres dans l’administration de l’Etat.

Jeunes, pour la plupart ayant intégré le groupe dans la décennie 70-80, ils ont beaucoup donné à l’Eglise de Mavonda Ntangu. Nombreux aussi deviennent des responsables des paroisses, ou prennent des responsabilités au sein de la direction de l’EUSEC. Ils ne sont d’ailleurs pas vieux au Secrétariat National qui vient de se créer. De Daniel Bidzimou à Antoine Malela, en passant par Alphonse Ngoumba, Lévy Mboungou, Joseph Kanza, Antoine Moudouma, Dominique Makoundou ou Justin Nzaou Nzaou, ils sont tous jeunes.

La dynamique va se maintenir en début des 1990. Elle va même devenir une force au sein de la jeune EUSEC. Les tournées, mais surtout les prières du prophète Mbemba Philippe, vont impulser une autre génération. Espèce rare, moins nombreux, des hommes surtout, ils se distinguent déjà à moins de 20 ans. Eux ouvrent les débats sur l’Eglise de Mbemba Philippe dans les groupes d’intellectuels et des chercheurs. Profitant de la très nouvelle ère démocratique lancée dans le pays, ces jeunes parlent de l’EUSEC dans les médias, et affrontent des talentueux et chevronnés connaisseurs de la Bible et de l’histoire religieuse du Congo.

Jusqu’à la guerre de 1997, ces jeunes sont partout, boostant la grande réflexion sur le développement de l’EUSEC. Ici, on parle déjà des journées de réflexion sur des questions diverses, mais aussi on observe l’essor des groupes de chants comme les chorales dans une grande diversité : cadets, juniors et seniors.

Les voyages spirituels connaissent un succès imparable notamment avec la participation des jeunes qui se sont très impliqués dans l’Eglise: Bouansa 1991, Moussenegue 1994, Dolisie 1995, Kibossi 1996, Kombe 1998. Mais, il n’y a jusque-là aucune politique spécifique efficace pour encadrer la jeunesse, quoi que un poste fût créé au niveau du Secrétariat National. Un dynamisme qui s’effrite là aussi avec la guerre qui va commencer à ronger l'Église.

L’année 2000 devrait en principe consacrer la relance de la jeunesse. Mais le mimétisme a vite pris le dessus. Les jeunes ne raisonnent que par les Anciens et très peu se distinguent par eux -mêmes. Ils sont restés accrochés aux anciens qui leur apprennent la doctrine Ngunza du prophète Philippe Mbemba et les principes de l’Administration de l’Eglise.

La dernière décennie est moche. 2005-2015, une période pourtant qui devrait être de sagesse pour la jeunesse qui a appris auprès des Anciens. Nombreux brillent par la déliquence. Tous veulent des miracles. Etre pasteurs, chefs spirituels, visionnaires, devient leur leitmotiv. Pas sûr de savoir si dans ces conditions le Mpeve dirige les vocations, car il ya plus de la démonstration et de l'exhibition. C’est la décennie de la crise de vocations, mais aussi de la morale Ngunza. Il y a eu beaucoup d’illusions auprès de la jeunesse. Les Anciens vendent du vent aux Jeunes, et naïfs, les jeunes payent le grand prix. Résultat, l’EUSEC manque un avenir certain, soutenu par une jeunesse active et endoctrinee.

La jeunesse instruite, diplômée et cadre respectée au sein de la société congolaise, joue à l'attentiste. Les intellectuels laissent les semi analphabètes gérer les finances et l'admistration de l'Église. Ainsi au premier plan se distinguent les fidèles ayant fait des études jusqu' en classe de 5è, 4è voir de Première. A côté, les etudiants ou ceux qui ont pu obtenir un diplome universitaire refusent d'aider au développement de l'Église. On n'a toujours pas le temps de se consacrer aux activités du Seigneur. Alors, jeunesse réveilles-toi, toi qui dors. Profite de ta jeunesse pour construire ton Église, plutôt que d'admirer chez les autres.

4- Les attentes de l’EUSEC

Au regard de ce qui précède, on constate bien que les attentes de l'Eglise envers sa jeunesse est insondable. On attend beaucoup de la jeunesse, mais jusque-là les jeunes hésitent et ne s'engagent pas.

Les modeles cités plus haut peuvent toujours servir, bien que les temps soient devenus différents et donc les défis plus coriaces. L'itinéraire ainsi dessiné montre combien la jeunesse a été nécessaire dans la construction de notre Eglise. Pourquoi la jeunesse ne se meut-elle pas en force de changement? A la différence des annees 80, la jeunesse c'était la nouvelle Administration et cela faisait la joie du Prophète Philippe Mbemba, et de dire : "Ma Secrétaires mami kalubemba ndi". Mais la jeunesse aussi en début des annees années 90 c'était l'Évangélisation. Un courage étonnant, affrontant un public parfois hostile et repoussant. Mais les jeunes Evangelistes ont tenu ferme et fait la fierté de notre Église dans les veillees mortuaires, les manifestations culturelles publiques ou les débats d'intellectuels.

Aujourd'hui, tout cela nous manque. La Jeunesse se cache face à des défis pourtant contemporains. Les problèmes soulevés aujourd' hui sont connus et maîtrisés par nos. Nos Anciens se hasarderont-ils sur Internet? Créer un site internet Ngunza, publier une information sur Internet facebook ou sur twitter est l'affaire des jeunes. Voilà les nouveaux defis que la jeunesse de EUSEC doit relever. Écrire, mais surtout donner son temps à rechercher et à documenter l'histoire de l'Eglise. Les Anciens vont se débrouiller à gribouller quelques dates approximatives, mais faut une touche exacte de la jeunesse pour corriger et mettre la forme. Là est interpellée la responsabilité de chacun, Jeunes et Anciens.

©Kintwadi Kia Balongo (Chorale)

©Kintwadi Kia Balongo (Chorale)

©Culte Ngunza

©Culte Ngunza

Tag(s) : #Ngunza, #Simon Kimbangu, #Philippe Mbemba Mavonda Ntangu, #Albert Ndongani
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