Dans une déclaration lue jeudi soir à Brazzaville, les plates-formes politiques, les organisations de la société civile et quelques syndicats ont demandé au président Denis Sassou N'Guesso de revoir les décrets qu'il a publiés mercredi, désignant les membres de la commission technique qui doit organiser le dialogue national. Selon l'opposition, au lieu d'une commission paritaire, celle qui a été mise en place, renferme de nombreux "camarades membres du PCT".
L'atmosphère n'a pas été détendue jeudi dans la soirée lorsque les partis de l'opposition face aux syndicalistes, vaillants et habiles négociateurs et les membres de la société civile se sont accordés pour un texte qui dénonce la désignation des membres de la commission technique qui doit organiser dans les tout prochains jours, le 11 juillet précisément, le dialogue national sans exclusive. D'autres ont même mis en cause le fait que le président de la république ait mis en place cette commission sans les avoir consultés. "C'est un mépris pour la démocratie et pour l'opposition. Des décrets ont été publiés juste pour mettre en place les gens de la mouvance présidentielle. Nous dénonçons aussi le fait l'ordre du jour de ce dialogue ait été préconçu. Donc les choses ont déjà été faites d'avance", a déploré Moussa Ela, un membre de l'opposition.
Dans leur déclaration lue par Jean Gustave Ntondo, membre du Conseil national des républicains (CNR) du Pasteur Ntumi, les aigris ont réaffirmé leur désir de dialogue, mais dans les conditions égalitaires et transparentes. "Nous suggérons à son excellence monsieur le président de la république de publier des textes rectificatifs pour permettre à l'opposition de participer à ce dialogue tant attendu par les Congolais", a dit Jean Gustave Ntondo, lisant la déclaration commune.
En fait, depuis mercredi soir, le président Sassou N'Guesso a publié un décret qui désigne 36 personnes pour organiser le dialogue national sans exclusive attendu par tous les Congolais. On retrouve des noms comme Henri Bouka, Antoine Evoundou, Rosalie Kama Niamawoua, Charles Ngamfouomo, Marcel Mbani et bien d'autres. Aucun gars de l'opposition. Pour les plates-formes politiques de l'opposition, il se trame bien de mauvaises choses contre eux. Finalement, ils jasent contre une telle organisation, se sentant quasiment mis à l'écart.
Pour Paul Marie M'Pouele, à la tête du FROCAD, la principale plate-forme de l'opposition, leur participation à ce dialogue est liée à l'accès à leurs conditions. "Nous sommes partisans du dialogue et nous ne réclamons que ça depuis bien longtemps. Mais qu'on vienne nous présenter des choses toutes faites alors que nous recherchons le consensus dans la préparation de ce dialogue, nous sommes vraiment déçus. Et si nos conditions ne sont pas prises en compte, nous n'irions pas à ce dialogue, en fait à ce monologue des ca' membres du PCT et affiliés", a demandé, avec humour, le coordonateur du FROCAD.
Les plates-formes politiques, les organisations de la société civile ainsi que les syndicats se sont engagés par signature pour soutenir cette démarche exprimée dans leur déclaration. D'autres formations politiques comme le CNR du pasteur Ntumi préparent des espaces plus appropriés pour expliquer leur position. Le Collectif des partis de l'opposition en réunion jeudi après-midi devrait également publier une déclaration pour bouder l'organisation du dialogue national.