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Une victime du massacre du 2 avril portée par des secouristes
Une victime du massacre du 2 avril portée par des secouristes

Environ 200 étudiants kényans ont dénoncé mardi à Nairobi l'incapacité du gouvernement à protéger la population, au troisième jour du deuil national décrété après le massacre du 2 avril à l'université de Garissa, dans l'est du pays.

Une veillée était prévue en début de soirée en hommage aux 148 morts - 142 étudiants et six membres des forces de sécurité - de l'attaque, revendiquée par les islamistes somaliens shebab. Les étudiants, certains en costume noir de deuil, ont marché jusqu'à des bureaux de la présidence kényane dans le centre-ville, tambourinant au passage sur des véhicules et criant aux automobilistes "Vous n'êtes pas en sécurité!".

Avant que le cortège commence à se disperser en début d'après-midi, un petit groupe a pu entrer déposer une pétition réclamant notamment l'amélioration des équipements des forces de sécurité et la création de centres de veille, avec des policiers en alerte 24H/24H. "Si ça ne tient pas les shebab à l'écart, ça permettra de limiter le nombre de victimes", a estimé Mcnab Bwonde, secrétaire général de l'Association des étudiants de l'université technique du Kenya (TUK).

La presse kényane a accusé les autorités d'avoir ignoré des avertissements et critiqué le temps mis par les unités d'intervention pour arriver à Garissa lors de l'attaque. "L’État avait des renseignements sur une attaque à Garissa et n'a pas été capable de répondre de façon appropriée", a expliqué Stephen Mwadime, son homologue de l'Association des étudiants de l'université Kenyatta de Nairobi, accusant les autorités d'être incapables "d'assurer la sécurité des fils et filles de ce pays".

M. Mwadime a réclamé "une refonte totale de l'appareil sécuritaire", ainsi que "le retrait des troupes (kényanes) de Somalie" qui "devraient revenir assurer la sécurité du pays de l'intérieur". Il a aussi demandé également une indemnisation d'environ 20.000 euros pour chaque famille de victime du massacre.

Sur le trajet, certains étudiants se sont arrêtés, bougies et fleurs en main, pour chanter des prières en mémoire des tués et blessés. Ceux qui sont morts "devaient construire le Kenya de demain et le gouvernement ne fait rien", a expliqué dans le cortège Maureen Mucheri, 21 ans, étudiant en génie civil à la TUK, dénonçant l'absence de mesures de sécurité sur son propre campus de la capitale. "Je ne peux pas aller dans les centres commerciaux ou les églises, car on peut être attaqués à tout moment et maintenant même les écoles" ne sont plus sûres, a-t-elle souligné.

Le président kényan Uhuru Kenyatta a promis de "répondre le plus sévèrement possible" à l'attaque de Garissa, la plus meurtrière au Kenya depuis celle contre l'ambassade américaine de Nairobi, perpétrée par Al-Qaïda, auquel les shebab sont affiliés, et qui avait fait 213 morts en 1998. Lundi, l'armée kényane a annoncé que son aviation avait bombardé et détruit en Somalie deux camps shebab, affirmant que ces deux cibles étaient déjà dans son collimateur avant la tuerie. L'armée kényane a néanmoins déjà bombardé des cibles islamistes en Somalie dans la foulée d'attentats commis sur son sol.

L'université de Garissa, fermée sine die, est désormais vide, mais le sang séché s'étend en longues traînées, laissant imaginer la lente agonie d'étudiants blessés, rampant pour tenter d'échapper à leurs bourreaux. Les barbelés qui clôturent le campus témoignent aussi de la fuite désespérée des étudiants. Y pendent encore des bouts de chair, des cheveux, des lambeaux d'habits.

Avec l'Agence France Presse

Tag(s) : #Politique
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