Une cinquantaine de filles-mères résidant à Kinkala dans le Pool vivent des articles de couture qu'elles fabriquent. Face à la précarité et l'inexpérience dans le métier, elles doivent s'imposer. Leurs articles sont à peine vendus, et la Maison de la femme qui les accueille ne leur propose pas assez de possibilités pour rentabiliser leurs initiatives.
Le marché étant trop étroit et monotone, les revenus escomptés n'arrivent donc pas. Une camisole usée par le soleil ne sourit pas les clients de Nadège, une fille-mère d'environ 17 ans. Elle explique que ses modèles n'attirent pas assez de clients car ils sont très peu imaginatifs. "Je viens juste de commencer. Je n'ai pas encore l'art de bien coudre. Si donc quelqu'un achète ce que je fais, je crois que c'est juste par charité", reconnaît-elle.
Lea a tenté de coudre quelques caleçons. Ils ont pour élastique des fibres de caoutchouc. Les passants regardent à peine. "C'est mieux que rien. Je ne peux pas aller voler ni me livrer aux hommes pour nourrir l'enfant que j'ai déjà. Je dois me battre et je sais que Dieu m'accompagne tous les jours", se défend-elle fermement.
Sylvie, fille de Ntari Ngouari, quartier de Kinkala a fini sa formation en coiffure. Mais elle ne peut s'installer à son compte faute de matériel. "Je ne sais pas quoi faire. Là j'ai deux enfants qui doivent manger, se soigner et aller à l'école. Seule je ne peux pas, et je crains de commettre des bêtises pour m'occuper des enfants", dit-elle en imaginant la prostitution comme moyen facile de s'affranchir de sa pauvreté.
Créée en 2011, la maison de la femme accueille des filles-mères à qui elle propose des formations en coupe et couture et en broderie. Selon Félicité Tsoumanou, la directrice du centre, 20 jeunes filles apprennent la couture et une dizaine sont inscrites en broderie. "Elles ont déjà commencé à fabriquer quelques articles, des jolies tableaux de broderie. Elles ont de l'avenir", assure-t-elle.
Profitant de la journée internationale de la femme célébrée le 8 mars, ces filles-mères ont exposé leurs à la maison de la femme de Kinkala. Des robes, des camisoles, des chaînettes, des gourmettes ou d'autres bijoux dont la matière première vient de la Brazzaville, la capitale située à 70 km de là. Plus ingénieuses, elles fabriquent des pose-verres, des pose-assiettes et des porte-monnaie. "ça ne coûte que des petits prix. Il y en a pour 2000 francs CFA et moins parfois", présente Diane, une fille-mère, deux enfants.
La journée internationale de la femme est célébrée cette année sur la thématique de l'autonomisation de la femme. Au Congo, 52% de la population sont des femmes. "Si elles pouvaient se retrouver autonomes partout, dans le monde du travail, dans les affaires, dans les instances de prise de décisions, ce serait une grande avancée pour le Congo", a dit Marie-Bernardine Malonga, la maire de Kinkala. "La progression multidimensionnelle de la femme entraîne le progrès quotidien pour tous", a-t-elle ajouté, appelant les femmes de Kinkala à "manifester leur envie de partenariat avec les autres".
Pour appuyer l'action menée par les filles-mères de Kinkala, la société de téléphonie mobile MTN Congo leur a fait don de matériels de couture ainsi que de la pâtisserie. Des machines à coudre, une cinquantaine de pagnes, un micro-ondes, un congélateur, des fils, des ciseaux… tout ce qu'il faut pour démarrer une activité de couture et de pâtisserie. "Avec ça, nous pouvons commencer avec la pâtisserie. Avant, nous n'avions pas de matériel, le don des femmes de MTN va nous aider à aider les filles-mères dans ce domaine", a souligné la directrice Félicité Tsoumanou.
Ce don de MTN dont le montant n'a pas été évalué, est un geste de coeur des femmes de cette société à leurs soeurs de Kinkala, a dit Prisca Lemoele, directrice commerciale de MTN Congo."C'est une aide en vue d'aider les jeunes filles en couture et en pâtisserie. Le don s'inscrit dans le cadre des activités sociales de MTN", a-t-elle expliqué.