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Un rayon de Casino complètement consumé
Un rayon de Casino complètement consumé

Le magasin Le Casino a été dévoré jeudi 6 novembre par des flammes dont les origines ne sont pas encore déterminées. Les Brazzavilois se sont levés ce matin émus par le spectacle de grosses fumées qui ont tout ravagé sur leur passage.

Jusqu'à l'après-midi de jeudi, la fumée montait encore des décombres de Casino, magasin de distribution appartenant à un groupe français. La scène montre combien la fournaise a été ardente et indescriptible entre l'aube et la matinée dans cet établissement commercial, jadis appelé Score. "Comme ce n'est pas possible. Tout était bien en place la vieille quand je suis partie d'ici. J'ai souri avec une caissière qui a l'habitude de m'accueillir. Et ce matin, c'est un tas de braise que je revois. Je n'arrive pas à croire", s'affole une femme devant le sinistre.

L'odeur du cramoisi monte dans les narines. La fumée rajoute à la petite chaleur piquante de la matinée une vraie absence de l'oxygène. A certains endroits, les murs qui se sont écroulés donnent désormais une vue sur le fleuve Congo grâce au boulevard ainsi créé par les flammes. Malgré le bruit des curieux qui assistent à l'extinction par le feu des articles, c'est un silence lugubre qui embrasse les environs du magasin. Les petites commerçants qui ravivent la beauté de ce supermarché comme les libraires et les artisans ont fait les frais de l'incendie. Le feu a été sans pitié. Les flamme ont tout léché sur leur passage.

Les rayons tombent les uns après les autres. Et avec eux les grands produits mi-consumés mi-bons. On peut reconnaître des boites de conserve et des bouteilles de whisky. Les eaux jetées dans la grande pression pendant des heures par des pompiers ont fini par faire de la boue avec les cendres. Un curieux qui a réussi d'accéder à la zone interdite est ressorti avec des articles de cuisine tel que les couteaux ou les cuillères. Tout noirci par la férocité des flammes qui auraient dû fondre ces pièces en acier.

Un des policiers déployés, avec des gendarmes, sur les lieux pour sécuriser les ruines, tâte la cendre encore chaude d'un coin de ce qui était encore il y a quelques heures un vrai maillon de distribution à Brazzaville. "ça sent de la bière", lance-t-il en amateur de la police scientifique. Et pourtant son flair n'est pas loin de la réalité car on peut encore reconnaître des boîtes de bière à l'endroit où le sous-officier a ramassé la cendre.

Les pompiers se sont affairés durant de bonnes heures pour venir à bout de l'incendie. Les sirènes retentissaient dans les rues qui conduisent vers le lieu du sinistre. Un embouteillage monstre a d'ailleurs été occasion à cette occasion. Mais les flammes ont été plus tenaces que les pompiers. "Au moins ils n'ont pas dérogé à la règle, celle qui consiste à voir que les pompiers chez nous ne règlent rien, mal équipés, pas d'eau et toujours en retard", ironise un homme visiblement peiné par le drame.

La pluie attendue sur la capitale en début du jour n'est pas tombée. Elle aurait pu aider au travail des pompiers, affirme un spectateur de cet incendie, quasiment pas sûr de lui. Mais la menace y est toujours et le ciel bien couvert. "Et elle pourra contribuer à effacer les traces d'une quelconque origine criminelle de l'incendie", pressent un jeune vendeur de journaux qui raconte pas mal d'histoires à ce sujet.

Debout dans un coin, une dizaine d'employés de Casino contemplent la disparition de leur vache à lait, la mère-poule. A Brazzaville, "c'est le travail qui fait l'homme", dit un adage. Sans mot dire, ils savent que le plus dur va commencer pour eux. La longue et incertaine période de chômage. Certains venant de l'ex-Score ont déjà expérimenté la douleur du chômage, et paraissent très amers. "Espérons qu'une solution sera vite trouvée", murmure une employée de l'établissement, main sur la tête, assise sur ses sandales. Beaucoup d'entre eux avaient été prévenus par téléphone par des collègues et se sont aussitôt rendus au lieu du travail pour découvrir l'immensité du sinistre. Heureusement, a-t-on appris, il n'y a pas eu de malaise.

La foule de curieux qui bouchent l'accès à la "carlingue" s'interrogent éternellement sur l'origine d'un tel incendie. Mais la réponse n'est pas toute faite dans ce genre de situation où il faut qu'une enquête conclut sur l'affaire. Et, impatient, chacun y va de sa propre interprétation. "Apparemment il doit y avoir un court-circuit électrique car le bâtiment était en pleine réhabilitation. Les câbles électriques ont dû être bougés", explique, sûr de lui, un électricien. "C'est du sabotage", lance une femme qui avait prévu faire des courses dans le grand magasin samedi prochain avec sa belle fille en vacances à Brazzaville.

En attendant les conclusions de l'enquête, on estime à des milliards de francs CFA l'investissement qui a volé ce jeudi en fumée au Casino. Des dizaines d'employés vont perdre le travail. Membre d'un groupe de distribution français, le supermarché Casino était l'un des plus importants de la capitale congolaise. La concurrence imposée par les Chinois d'Asia, juste en face, n'a pas érodé le succès engrangé au fil des années par ce magasin. Les week-end, les familles, les membres du gouvernement et certaines hautes personnalités du pays se côtoyaient dans les couloirs du gros magasin, discutant parfois un produit sur le rayon.

Le Casino a brûlé, les employés aux larmes, les Brazzavillois émus!
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Tag(s) : #Societé- Développement
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